La séquence électorale va être terrible, affrontons-la avec nos armes et marchons vers la débâcle dans la bonne humeur. Dans cet épisode : le surmoi de Mélenchon, Sarkozy qui sent le fauve, le clash entre l’humour et la politique, etc.
Un surmoi pour insoumis
Cette semaine sur Regards, André Chassaigne a en quelque sorte répliqué à Éric Coquerel sur la question d’une candidature de la gauche de gauche. Le débat se cristallise évidemment autour de celle de Jean-Luc Mélenchon – à croire qu’il le fait exprès – et autour du « rassemblement ». Résultat : tout le monde s’est divisé. D’un côté, ces salauds de cocos mélenchophobes qui se compromettent avec ces salauds de socialos pour sauver leurs mandats ; de l’autre, ces mélencholâtres irresponsables qui cautionnent les dérives égotistes de leur leader. On a de l’énergie, à gauche. Presque exclusivement pour se déchirer, mais ça force l’admiration. Même les lambeaux, il faut les lacérer. Et quand il ne restera que des fils, on les coupera en quatre.
Il est vrai que pour rassembler (ou moins cliver), il faudrait que Mélenchon y mette du sien. Et moins de soi. Qu’il apprenne à s’effacer, qu’il comprenne qu’en dehors de son fan-club, personne n’a envie qu’il – lui candidat – démontre la singularité de ses opinions sur tout et n’importe quoi. Il lui manque quelqu’un pour lui taper sur l’épaule au moment où il s’apprête à faire son intéressant. « Non, Jean-Luc, pas la Syrie. » « Wop hop hop, le pain des Français, t’es gentil mais t’évites. » « Nos ancêtres les Gaulois, on s’en fout et c’est pas le moment, merci. » Il lui manque un surmoi, en fait.
Entendu (au Parc des Princes)
« Di Maria, il n’y a que Sarkozy pour enchaîner plus de mauvaises passes que lui. »
Sarkozy, fauve qui peut
Nicolas Sarkozy a donc encore plein d’ennuis. De vieux ennuis, qui remontent à la surface comme des corps mal lestés. Coup sur coup, un Envoyé Spécial sur Bygmalion, le livre de Patrick Buisson et les carnets de Choukri Ghanem. Ce n’est pas très charitable de contrarier sa campagne 2017 avec celles de 2007 et 2012 : un homme qui a si souvent « changé » ne devrait pas être tenu responsable de ses agissements passés. Heureusement, il a encore des défenseurs invétérés. Comme Catherine Nay, qui a une méthode simple : elle ne veut rien savoir. L’éditorialiste, deux jours auparavant, avait signé une chronique extatique sur le retour du « fauve Sarkozy ».
Mur du son
L’adversité est forte contre Donald Trump, qui a même mis en cause le micro de son débat avec Hillary Clinton.
I won the debate if you decide without watching the totally one-sided "spin" that followed. This despite the really bad microphone.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 1, 2016
Dialogue moral
« Évoquer l’interpellation du fils de Valérie Pécresse en possession de cannabis, c’est malhonnête et c’est mettre la vie privée sur la place publique.
– Entièrement d’accord. Mais vu ses énormités sur le dépistage du cannabis dans les lycées, j’ai quand même bien rigolé. »
Humour vs politique : match nul
Les temps sont certes difficiles pour elle, mais la gauche radicale est un peu fâchée avec l’humour. Aussi faut-il accueillir avec bienveillance cette nouvelle inattendue : Danielle Simonnet, la remuante élue Front de gauche de Paris, va donner trois représentations d’un one-woman show au théâtre Clavel à Paris. Intitulé Uber. Les Salauds et mes ovaires, elle y « confronte ses rêves de petite fille à la réalité de ses engagements politiques actuels ». Enfin une vraie prise de risque au Parti de gauche.

Le crossover entre l’humour et la gauche est décidément de mise, puisque vendredi, Anne Roumanoff recevait Pierre Laurent dans son émission sur Europe 1. « J’aime bien me marrer, j’aime bien me détendre », a annoncé d’emblée l’invité, mais sans promettre de faire rire : c’est bien de connaître ses limites.
L’humour de droite, c’est compliqué aussi. D’abord, le « sketch » de Fabrice Éboué sur Facebook, en direct de sa voiture pendant la Journée sans voiture (c’était du comique involontaire), auquel Anne Hidalgo avait assez efficacement répliqué. Ensuite, la blague de Michaël Youn sur les impôts – ni de lui, ni drôle. Cette fois, ce sont Axelle Lemaire et Cécile Duflot qui se sont chargées de claquer ce beignet. Dommage de se demander, à chaque fois que des politiques sont un peu drôles ou pertinents, s’il faut en attribuer le mérite à eux-mêmes, ou à leurs conseillers.

François Fillon, Son of Anarchy
Attention, il ne s’agit pas de se moquer des croyants – leurs églises s’en chargent. Mais rien ne pouvait modérer le potentiel comique des images de François Fillon, en visite dans un temple sikh de Bobigny, coiffé d’un turban lui donnant des allures de Droopy devenu Biker. Une figure de carême dans une situation imprévue : Fernandel en avait fait, jadis, l’essence de son comique.

De tous les détournements d’image, on retiendra celui de @GuillaumeTC, qui envoie le très à droite candidat aux primaires dans les bras de Mike Muir, le chanteur du groupe Suicidal Tendencies. Dont le titre phare est You Can’t Bring Down : une bonne devise pour François, et une piste pour rivaliser avec Jean-Luc remixé façon PNL.





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