Manuel Valls assassine le PS avec préméditation

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En appelant à un « front républicain » face au Front national, le premier ministre entérine les défaites à venir du Parti socialiste pour préparer, sur ses ruines, son avènement en leader d’une « gauche » sans idéologie.

Il faut reconnaître à Manuel Valls de la constance et le fait qu’il avance à visage découvert. Sa sortie, la semaine passée, sur la nécessité d’un « front républicain » face au Front national a, une nouvelle fois, créé l’émotion à gauche. En appelant à faire barrage aux listes parrainées par Marine Le Pen, le premier ministre a ouvertement découragé l’électorat socialiste qui se voit invité, en creux, à voter à droite sinon au premier tour tout au moins au second.

Dans le viseur de Valls, deux régions : Nord-Pas de Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte d’Azur, où le FN est donné en avance par les sondages. Cette sortie de l’ex-candidat à la primaire des socialistes vient de loin. Elle est à mettre en lien direct avec sa déclaration au conseil national du PS les 14 et 15 juin 2014. A cette occasion, il avait déclaré : « La gauche peut mourir ».

Dans nos colonnes, le député européen Guillaume Balas, un des leaders de l’aile gauche du PS, avait résumé : « Pour sauver la gauche, Manuel Valls propose sa disparition ». L’europarlementaire, considéré comme proche de Benoît Hamon, ne pensait probablement pas avoir touché aussi juste. Plus d’un an après, le locataire de Matignon invalide, ni plus ni moins, la participation de son propre parti au scrutin dans deux régions hautement symboliques. Le chef de file socialiste dans le Nord-Pas de Calais-Picardie, Pierre de Saintignon, a taclé Valls à propos de déclarations « pas utiles (…) lorsque nous sommes engagés dans une campagne. Il s’agit de convaincre nos concitoyens de ce que nous leur proposons ».

Objectif 2022

Se battre pour des propositions, c’est bien ce que fait Manuel Valls. Et son idée est assez claire. Actant que François Hollande a déjà perdu les présidentielles de 2017, ce qui constituerait la quatrième défaite électorale consécutive pour le PS, l’actuel premier ministre entend se poser en futur sauveur d’une gauche déboussolée et prête à s’offrir à celui qui lui permettrait de renouer avec la victoire… en 2022.

il prépare donc déjà l’avenir – le sien en tout cas. Il multiplie les petites phrases qui, mises bout à bout, dessinent un programme qui emprunte à la fois au discours de l’ordre, la « République musclée », et à l’approfondissement de la dérégulation en matière économique et sociale, au profit d’une « République contractuelle ». Pour ce faire, il s’inspire de la triangulation chère à Tony Blair. Que le Labour Party soit en passe d’en finir avec le blairisme devrait l’interroger. Ce n’est visiblement pas le cas.

Tout entier tourné vers l’ancrage des fameuses « classes moyennes » dans le giron d’une gauche largement désidéologisée, Manuel Valls renonce à réintégrer dans la construction politique ces millions de citoyens qui ont choisi durablement le camp de l’abstention. L’essentiel de son discours, et de sa pratique, vise au maintien du statu quo actuel, nourri de désespérance sociale et de résignation politique. Et face à Nicolas Sarkozy créant « Les Républicains », Manuel Valls se voit bien en futur chef d’un parti nommé « Les Démocrates ». Pour cela, faut-il encore éliminer le Parti socialiste. C’est ce qu’il tente de faire en ressuscitant un « front républicain » près d’un mois et demi avant l’échéance.

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