La Cache

Christophe Boltanski est l’une des plus belles découvertes de la rentrée littéraire. À cinquante-trois ans, le grand reporter à L’Obs livre son premier récit, une autobiographie familiale construite sur le mode d’un Cluedo.

Fils du sociologue Luc et neveu du plasticien Christian, eux-mêmes nés d’un couple singulier, Christophe Boltanski possédait une matière première en or. Il en a fait une œuvre littéraire captivante, érudite, subtile. L’auteur décrit son enfance dans l’appartement parisien de ses grands-parents paternels. Dans ce lieu pèse le fantôme de la seconde guerre mondiale, l’histoire d’un homme qui se croyait bien Français, s’était converti au christianisme par un curieux sens de l’intégration et, parce que Juif, s’est retrouvé sous l’occupation dans une pièce de son domicile, un entre-deux, pour échapper aux arrestations.

Le silence sur ce traumatisme s’est mué en obsession familiale de la guerre, en une peur « de tout, de rien, des autres, de nous-mêmes ». La Cache s’attache à décrire une famille singulière, bourgeoise et insoumise, follement créatrice. Christophe Boltanski, par son sens du détail qui traque le rapport à la nourriture, aux objets, aux convenances, les joies simples et les angoisses complexes, livre une sorte de thriller familial à la fois psychologique et sociologique. Sans emphase, loin de toute approche nombriliste, par touches successives, le roman est impressionniste et assez impressionnant.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *