Lors d’une intervention télévisée, Alexis Tsipras est revenu lundi sur les derniers développements de la crise grecque. Il démontre la stratégie antidémocratique de l’Eurogroupe, en appelle au courage et à la dignité de son peuple. Principaux extraits.
La vidéo de l’émission de la chaîne ERT qui accueillait le premier ministre grec est visible ici. Le texte original dont est issue notre traduction est disponible sur le site officiel du référendum. Traduction Gildas Le Dem.
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La décision de l’Eurogroupe, hier, de ne pas donner suite à la requête du gouvernement grec visant à prolonger, pour quelques jours, un programme offrant au peuple grec une chance de se prononcer par referendum sur l’ultimatum des institutions européennes, constitue une remise en question, sans précédent, du cadre des affaires européennes, un acte qui vise à repousser le droit d’un peuple souverain à exercer ses prérogatives de manière démocratique. Un droit sacré et grandiose : la liberté d’expression et d’opinion.
La décision de l’Eurogroupe a conduit la BCE à ne pas accroître l’accès à la liquidité des banques grecques, et contraint la Banque de Grèce à recommander aux banques grecques de rester fermées et, aussi bien, à prendre des mesures restrictives concernant les possibilités de retrait. Il est clair que l’objectif des décisions prises par l’Eurogroupe et la BCE est une forme de chantage exercé contre la volonté du peuple grec, qui vise à entraver le processus démocratique, à savoir la tenue d’un referendum. Ils ne parviendront pas à leurs fins.
Ces décisions [de l’Eurogroupe et de la BCE] ne conduiront qu’à des résultats tout à fait contraires à leur intention. Elles ne feront que renforcer la volonté du peuple grec de récuser les propositions du mémorandum, inacceptables, ainsi que les ultimatums des institutions européennes. Une chose est maintenant certaine : le refus d’une prolongation [du programme d’aide européen] pour quelques jours, et la tentative d’annuler un processus authentiquement démocratique constituent une injure, et un affront aux traditions démocratiques qui sont celles de l’Europe.
Pour cette raison, j’ai aujourd’hui fait parvenir, une nouvelle fois, la demande d’une brève prolongation – adressée cette fois au président du Conseil européen et aux chefs d’État des dix-huit membres de l’Eurozone, tout comme aux dirigeants de la BCE, de la Commission européenne et du Parlement européen. J’attends une réponse immédiate à une demande fondamentalement démocratique. Ils sont les seuls habilités à pouvoir immédiatement – ce soir même – revenir sur la décision de l’Eurogroupe, et permettre à la BCE de rétablir l’accès des banques à la liquidité.
Il nous faudra, dans les prochains jours, savoir faire preuve de sang-froid et de patience. Les dépôts auprès des banques grecques sont entièrement sécurisés. Ceci vaut, aussi bien, pour le paiement des salaires et des retraites. Nous affronterons toutes les difficultés avec calme et détermination. Plus nous ferons face à ces difficultés avec calme, plus nous les surmonterons promptement, moins leurs effets se feront sentir.
Aujourd’hui, nous avons la chance de nous prouver à nous-mêmes – et bien sûr, au monde entier – que la justice peut prévaloir. Une fois encore, nous avons l’opportunité historique d’adresser un message d’espoir et de dignité à l’Europe et au monde. En ces heures critiques, alors qu’ensemble nous faisons face à l’histoire, nous devons nous souvenir que la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même [[Tsipras fait ici écho à la célèbre déclaration de Roosevelt lors de l’investiture de son premier mandat : « The only thing we have to fear is fera itself » (1933).]].
Nous ne nous laisserons pas abattre. Nous allons gagner. La dignité du peuple grec face au chantage et à l’injustice sera un message d’espoir et de fierté adressé à toute l’Europe.


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