La France doit enfin soutenir les demandes raisonnables de la Grèce

Nous publions la traduction française d’un document tout à fait éclairant: l’intervention de Yanis Varoufakis le ministre grec des Finances le 11 février 2015 lors de la première réunion de l’Eurogroupe.

Ce document a été publié sur le site Internet grec Capital.gr, et en Anglais sur le site Macropolis. (http://www.capital.gr/related_files/%CF%86%CE%AC%CE%BA%CE%B5%CE%BB%CE%BF%CF%82%20%CE%B4%CE%B9%CE%B1%CF%80%CF%81%CE%B1%CE%B3%CE%BC%CE%AC%CF%84%CE%B5%CF%85%CF%83%CE%B7%CF%82.doc). Sur ce site ont trouvera également l’intervention de Yanis Varoufakis lors de la réunion de l’Eurogroupe le 16 février, le document « Moscovici » c’est-à-dire le projet de texte négocié qui devait être présenté lors de la réunion du 16 févier et que Yanis Varoufakis était prêt à signer. Le document présenté à la place par le président de l’eurogroup le Hollandais, Jeroen Dijsselbloem avec l’assentiment de tous ses collègues et de la Commission et de Christine Lagarde était par contre totalement inacceptable.

Du Kant, pas du bluff

L’intervention de Yanis Varoufakis que nous avons traduite de l’Anglais (ci-dessous) montre clairement que contrairement à ce qu’on prétend ici ou là, les dirigeants grecs ne négocient pas comme s’ils étaient à une partie de poker ou à un jeu de la poule mouillée. Comme Yannis Varoufakis vient de l’écrire dans le New York Times ( lien sur http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-francois-goulon/170215/yanis-varoufakis-ce-n-est-pas-l-heure-pour-les-jeux-en-europe), « Ce n’est pas l’heure des jeux pour l’Europe.» Le gouvernement grec ne bluffe pas. « Nous ne demande pas à nos partenaires un procédé pour ne pas rembourser nos dettes. Nous demandons quelques mois de stabilité financière qui nous permettront de nous atteler aux réformes que la population grecque dans son ensemble peut faire siennes et soutenir, afin de faire revenir la croissance et mettre fin à notre incapacité de payer ce que l’on doit ». Mais souligne Yannis Varoufakis, « La grande différence entre ce gouvernement et les gouvernements grecs précédents est double : nous sommes déterminés à entrer en conflit avec les puissants intérêts particuliers afin de permettre à la Grèce de redémarrer et de gagner la confiance de nos partenaires. Nous sommes également déterminés à ne pas nous laisser traiter comme une colonie fiscale à laquelle certains peuvent imposer comme bon leur semble toutes les souffrances qu’ils jugent nécessaires. Le principe qui demande l’imposition de l’austérité la plus sévère à l’économie la plus déprimée serait ridicule s’il n’était la cause d’autant de souffrance inutile ».
Les demandes grecques sont légitimes et raisonnables. Elles recherchent à conjuguer l’intérêt du peuple et l’intérêt général des Européens. Ce n’est pas du bluff , c’est du Kant résume le ministre grec. L’irresponsabilité, Le chantage, si non le bluff ne sont pas de ce côté-là. Mais du côté de ceux qui ne recherchent pas une solution acceptable et viable pour la Grèce.

Six mois d’extension de prêt

Le gouvernement grec dépose ce jeudi 19 février une demande d’extension de « l’accord de prêt » avec l’Union européenne pour une durée de six mois. Un tel délai est en effet indispensable pour que la Grèce puisse commencer à appliquer son programme et notamment les mesures d’urgences sociales, et mettre en place les réformes qui permettront de redresser progressivement son économie. Ce qui inclut une négociation pour un traitement durable de la question de la dette.
Mais le problème restera le même. La demande grecque sera rejetée si l’Eurogroupe continue de réclamer en contrepartie l’application des mémorandums selon le dictat du ministre allemand Wolgang Schäuble pour qui il ne s’agit d’obtenir un prêt de six mois « mais de savoir si le programme est respecté ou non. »

Soutenir la demande grecque

Dans une telle situation la France devrait soutenir les demandes de la Grèce. C’est ce qu’elle ne fait pas. A l’Eurogroupe Michel Sapin n’a pas réclamé que le document « Moscovici » reste sur la table et serve de base à la discussion. Il s’est rallié au document Dijsselbloem. Jean-Luc Mélenchon a rendu compte de sa discussion avec François Hollande qu’il avait sollicitée à la suite du coup d’état financier de la BCE contre la Grèce (https://wp.muchomaas.com/economie/les-economistes-ne-sont-pas-tous/article/agir-pour-la-grece-et-l-europe).

Selon ce que le député européen rapporte de la discussion (http://www.jean-luc-melenchon.fr/2015/02/17/censurer-le-chantage/#more-21709), François Hollande prétend que le rôle de la France est « d’être le facilitateur du dialogue » et que « son ministre le fait ». « J’ai objecté, dit Jean-Luc Mélenchon, que les propos de Michel Sapin ne le laissaient pas voir. Il pense que nous les comprenons mal. Sa ligne est de trouver une sortie de crise en tenant compte des demandes des Grecs et des intérêts de l’Europe. Je ne résume pas, je cite ». Pour dire les choses autrement François Hollande prétend donc camper dans le « et » « et » « Et » les demandes de Tsipras « et » les demandes de Shauble. Et une chose et son contraire. Il faut forcément pencher d’un côté. Et dans la vie comme le constate Jean-Luc Mélenchon jusqu’ici cela penche du côté de Shauble. Il n’est que temps d’en sortir et de soutenir enfin et vraiment la demande du gouvernement grec. Car contrairement à ce que prétend François Hollande, il n’y a pas d’un côté les demandes des Grecs et de l’autre les intérêts de l’Europe. Les demandes des Grecs sont conformes et à l’intérêt des Européens et à celui des Français.

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