PCF : Pierre Laurent veut remporter « l’étape nouvelle »

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Le Parti communiste tenait ce week-end sa convention nationale. Cet inter-congrès a été l’occasion pour quelques centaines de militants de travailler en ateliers les grands sujets d’actualité… et de peaufiner la position politique des communistes.

Vouloir ou non l’union de toute la gauche, telle était la question sur toutes les lèvres des huit-cents délégués réunis dimanche à Montreuil lors de cette convention. Et ce fut chaud.

Pierre Laurent, le secrétaire national, a ouvert les journées par un subtil argumentaire, plein de circonvolutions et d’ambiguïtés censées marier l’impossible : rassembler toute la gauche et prendre acte que la politique gouvernementale n’était pas de gauche. L’orateur semble croire à la possibilité d’inverser d’ici 2017, le cours de la gauche.

« Un immense effort de rassemblement politique »

« Si nous voulons éviter le retour combiné de la droite et de l’extrême droite du Front national, lui (Manuel Valls) et son gouvernement devront laisser la place. C’est sans attendre que nous voulons travailler à une nouvelle majorité de gauche, un nouveau contrat de transformation sociale, écologique et démocratique, qui devra être mis en œuvre par un nouveau gouvernement et un nouveau premier ministre (…). Cette situation extrêmement dangereuse nous appelle au déploiement d’un immense effort de rassemblement politique pour une alternative de gauche capable de remettre en conquête les nombreuses forces disponibles laissées en friche par le pouvoir actuel. (…) C’est donc à une étape nouvelle, quantitativement et qualitativement nouvelle, de la démarche que nous avions engagée en créant le Front de gauche que nous sommes appelés. Une étape dans laquelle il nous incombe de prendre pour notre part en charge l’avenir de la gauche tout entière et pas seulement de la partie de la gauche que nous constituons. »

Cette analyse est en parfaite cohérence avec l’action qu’il a déployée pour aller à la rencontre des socialistes désemparés. Si, globalement, cette recherche de dialogue avec les socialistes était faiblement mise en cause jusqu’au mois d’août, elle est aujourd’hui l’objet d’un grand scepticisme. Et cela s’est entendu dans les très nombreuses interventions de militants qui exprimaient leur volonté de rupture avec le PS.

À l’image de Bob Injey l’ancien secrétaire fédéral des Alpes-Maritimes, membre du secrétariat national du parti : « Fin août et en septembre, Pierre a eu raison d’engager une démarche ouverte. Il faut continuer, mais en même temps cela met en évidence les limites du phénomène des frondeurs. 220 députés ont tout voté. Cela n’est pas étonnant : le PS assume son virage social-libéral, latent depuis des décennies. La réalité, c’est que l’essentiel des socialistes ne sont plus au PS, c’est à eux qu’il faut s’adresser en priorité maintenant. »

Des alliances désormais impossibles avec le PS ?

L’analyse du phénomène des frondeurs a été l’une des clés du débat : ouvre-t-il ou non une perspective nouvelle à gauche ? Dans son intervention, le porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles, prend ses distances avec l’idée d’une nouvelle perspective : « L’abstention des députés socialistes frondeurs sur le budget 2015 et le projet de loi de financement de la sécurité sociale est un entre-deux qui ne correspond pas au niveau de riposte nécessaire face à la saignée de la dépense publique et sociale et un projet de société porté par Valls qui s’attaque aux valeurs républicaines et solidarité et de fraternité. » (lire aussi « À quoi servent les frondeurs ?« )

Concrètement, face à la déculottée programmée en mars lors des élections territoriales, faut-il ou non miser sur des tickets avec le PS ? Nullement tétanisé par la menace d’une élimination de la gauche et de duel FN-droite, Bob Injey affirme « avoir des candidats qui portent une alternative et s’opposent à l’austérité est incompatible avec des alliances avec des responsables locaux du PS qui soutiennent, activement ou honteusement, la politique du gouvernement ». « Cela peut paraître évident, mais c’est mieux en le disant », conclut celui qui ne se fait par ailleurs « aucune illusion sur le prochain congrès du PS », précisant : « Avec Jean-Christophe Cambadelis à la manœuvre, ce congrès sera à l’image d’un congrès de la MNEF : bétonné et verrouillé. »

La journée s’achevait sans que les lignes ne bougent. Pierre Laurent concluait ces assises par un discours fleuve sur les mesures d’un gouvernement de gauche, perspective qu’il croit encore possible, d’ici 2017.

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