Le premier ministre, dans un exercice solitaire de la politique, a obtenu la confiance – très relative – de l’Assemblée. Les députés socialistes « frondeurs » n’ont pas pu infléchir son contenu et n’arrivent guère à fédérer au-delà de leurs propres rangs.
Sans surprise, le gouvernement Valls II a obtenu la confiance ce mardi 16 octobre. Les députés « frondeurs » n’avaient nulle intention de provoquer une « crise parlementaire ». Ils n’en auraient finalement guère eu les moyens, d’autant qu’ils n’élargissent que peu leur base. Ils ont certes réussi à dépasser les 11 abstentions qui avaient marqué le vote de confiance au gouvernement Valls première version. Mais ils ne sont pas parvenus à aller au-delà des 41 députés socialistes qui ont refusé de voter pour le Pacte de responsabilité. Leur abstention collective s’est étalonnée à 32 voix, l’étiage fixé par Christian Paul, « frondeur » de la Nièvre. Pourtant, la déclaration de politique de générale du premier ministre conforte l’image que donnait de sa ligne la composition du nouvel exécutif.
Le séminaire du groupe socialiste à l’Assemblée, tenu lundi 15 septembre à huis clos, n’a pas fait bouger les lignes. Pas plus que la réunion du même groupe le lendemain. Nul camp n’a convaincu l’autre, en dehors des arguments d’autorité et de rappel à la discipline de groupe. Certes, Martine Aubry est sortie de sa réserve, critiquant à mots feutrés la ligne Valls-Hollande. Mais, à l’appel des 100 a répondu un « appel des 1 000 » et deux-cents députés « ni godillots ni déloyaux » ont déclaré leur soutien à la politique qui a justifié le départ de Montebourg, Hamon et Filippetti. Christian Paul, un des chefs de file du collectif rebaptisé « Vive la gauche », explique : « La politique qui est menée n’inspire pas confiance à la majorité des Français (…) Notre devoir, c’est de nous abstenir. »
Une chance de sauver le quinquennat ?
Ce discours répond, à distance, aux propos extrêmement brutaux tenus dimanche dernier par le secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen : « C’est assez consternant de voir comment peut-être une partie de la gauche essaie de créer une illusion qui ne correspond pas à la réalité des problèmes du pays (…) il n’y a pas aujourd’hui d’alternative à gauche à ce gouvernement, par contre il y en a à droite, il y en a à l’extrême droite. » Une version sans fard des propos prêtés au premier ministre sur le thème « Moi ou le chaos ». Valls a personnalisé à outrance son discours de politique générale allant jusqu’à déclarer : « J’ai besoin de votre confiance, car c’est la force que nous allons redonner à la France. »
Cette version social-libérale du TINA (pour There is no alternative, il n’y a pas d’alternative) ne convainc toujours pas. « C’est en m’abstenant que je vais aider la gauche à réussir », explique Jean-Marc Germain, autre porte-parole des frondeurs. Philippe Noguès, député du Morbihan, joue la pédagogie : « L’abstention est un appel à François Hollande. Nous avons encore une chance de sauver le quinquennat et la gauche. Il faut faire une politique économique équilibrée, qui ne soit pas uniquement tournée vers l’offre. »
Si les frondeurs ont réussi leur rentrée médiatique, se postant au cœur de l’actualité, ont-ils pesé sur le débat ? Christophe Léonard, un des signataires de l’appel des 100, répond timidement : « Je crois que oui, enfin j’espère… » À écouter le discours tenu par le premier ministre, ce mardi 16 septembre, il n’a pas été entendu.


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