La liberté est inaliénable

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La rédaction de Regards vient de publier une mise au point à propos de l’article consacré au Parti de gauche. Pour moi, « l’affaire » est finie. Mais je ne peux pas me taire sur un point.

Comme le dit la mise au point de la rédaction, la liberté est de règle dans notre journal. Nous ne sommes ni un parti, ni le journal officiel de quelque parti ou courant que ce soit. Les journalistes qui écrivent sont divers, à l’image de cette gauche bien à gauche que nous rêvons tout aussi unie que pluraliste, depuis très longtemps. L’unanimisme n’est pas notre tasse de thé. La rédaction a mentionné que tout le monde n’était pas d’accord avec l’article incriminé. Il se trouve que j’étais de ceux-là. Je n’aurais pas du tout écrit ce texte de la même manière. Et alors ? Je n’étais pas d’accord, mais je ne m’autorise pas le droit de dire, à qui que ce soit, à quelque place qu’il soit, d’être autre chose que ce qu’il est. La liberté compte plus que mon confort intellectuel et que mon pouvoir.

Mais j’ai été épouvanté par les réactions suscitées par cet article, spontanées ou non, sincères ou non. Je suis communiste. Je m’inscris dans l’histoire d’un courant qui a cru, au XXe siècle, qu’on pouvait réunir des assemblées de travailleurs « en colère », pour exiger le juste châtiment des traîtres, des opportunistes de droite, des rats trotskystes, des sociaux-démocrates pourris. Et tout cela, bien sûr, au nom de la justice, de la morale et de la vérité. Si j’ai décidé de garder le nom de communiste, c’est aussi pour ne jamais oublier ce que l’on a pu, dans un siècle tumultueux, faire au nom même du communisme, le meilleur mais aussi le pire. De ne pas l’oublier, et de ne plus l’accepter.

Je comprends que des membres du Parti de gauche aient pu être choqués par l’article paru sur notre site. Mais qu’ils comprennent aussi que j’ai été horrifié par certains propos tenus à notre encontre. Quand on refuse le désordre des sociétés comme la nôtre, la passion est une vertu. La haine et le ressentiment sont des égarements et des fautes. La combativité n’est pas la violence aveugle. Si nous en sommes là, nous n’avons pas d’avenir. Nous ne resterons pas ensemble et, séparés, nous serons battus.

S’il ne s’agissait que de nous, nous pourrions dire : tant pis pour nous ! Mais ce qui se joue va bien au-delà de nos orgueils. Ce qui est en jeu, en ce moment, c’est tout à la fois l’expression politique du vieux courant démocratique, plébéien et révolutionnaire ayant marqué si fort l’histoire française et l’existence d’une gauche de transformation sociale.

De notre côté, il y a de la différence, de la contradiction, du heurt : ce sont les signes qu’il y a de la vie. Si l’ampleur de la difficulté tourne à la violence, nous mettons un pied du côté de la mort.

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