Traditionnellement rétif à l’intégration européenne, le Danemark voit sa gauche de gauche s’unir dans un mouvement « rouge-vert » en nette progression… Mais le principal événement électoral risque bien d’être celle de la droite xénophobe, en position de force.
La Red Green Alliance (RGA), l’alliance rouge et verte, est une organisation de la gauche radicale qui a le vent en poupe au Danemark. Fondée en 1989, elle est à l’origine un regroupement entre le Parti communiste danois et deux organisations trotskistes, avec le projet de s’élargir aux écologistes dans un parti large. Cet objectif ne s’est pas matérialisé, mais la dimension écologiste est un élément essentiel du programme du RGA avec le socialisme démocratique.
Après des débuts modestes, la Red Green Alliance s’est nettement renforcée depuis le début de la crise bancaire de 2008. En 2011, elle a obtenu 6,7 % aux élections législatives passant de quatre députés à douze (sur 175). Surtout, les élections municipales et régionales de novembre 2013 ont marqué un enracinement de ce parti dans l’ensemble du Danemark. Avec 6,9 %, la RGA est désormais représentée dans l’ensemble des régions et obtient des sièges dans 79 municipalités (il y a cinq régions et 98 communes dans ce pays). À Copenhague, la RGA est devenue la deuxième force avec 19,6 % derrière le parti social-démocrate.
Tradition eurosceptique
Particularité danoise, la RGA ne s’est jamais présentée en tant que telle aux élections européennes, mais dans le cadre d’un rassemblement plus large : People’s Movement Against the EU (Mouvement du peuple contre l’Union européenne). Ce mouvement est né en 1972 de l’opposition à l’entrée dans l’Europe, il est pour le moins eurosceptique – une tradition politique fortement ancrée au Danemark. En 1992, les Danois ont refusé par référendum le traité de Maastricht obtenant ensuite un traité sur mesure (sans l’Euro et sans participation à la politique de défense par exemple).
Le People’s Movement entretient des relations privilégiées (mais non exclusives) avec la RGA, et ses représentants au Parlement européen siègent au sein du groupe GUE/NGL (comme ceux du Front de gauche). En 2009, avec 7,2 % des voix, il a obtenu un siège de député sur les 13 dévolus au Danemark. Actuellement, les sondages lui attribuent un peu plus de 9 % des voix, ce qui traduit une progression. Mais comme dans de nombreux pays, c’est la poussée de la droite xénophobe incarnée par le Parti populaire danois qui devrait être le principal enseignement de ces élections. Créditée dans les sondages de plus de 26 % des voix, cette organisation devrait être la principale force politique danoise.
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