Vendredi dernier, le président de la République a annoncé le transfert de quatre nouvelles personnalités au sein du temple des « grands hommes », portant à 77 le total de ses résidents. L’occasion de se figurer, en images, qui sont les élus de la Nation…
François Hollande a donc désigné quatre résistants comme futurs pensionnaires du Panthéon : Germaine Tillion, ethnologue, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ancienne présidente d’ATD quart Monde, Pierre Brossolette, journaliste, et Jean Zay, homme politique. On peut s’interroger, avec quelques doutes, sur la portée contemporaine de cette vieille institution. En préalable, revoyons qui en compose le casting, et qui l’a composé.
À la gloire des mâles belliqueux
Si la présence de deux femmes parmi les quatre nouveaux « grands hommes » multiplie par deux le nombre de celles-ci, les mâles restent largement dominants sous le dôme de la rue Soufflot.
Avec plus de la moitié des panthéonisés, l’Empire est le régime qui a fourni le plus de « grands hommes » à l’ancienne église Sainte-Geneviève. Après 1815 s’ouvre jusqu’en 1889 une longue ère durant laquelle seul l’architecte du bâtiment y acquit droit de cité (Soufflot en 1829). La IIIe république rouvrit la période des transferts, avant d’être imitée par ses suivantes. La Ve attendit toutefois 1987 pour laisser le passage à de nouveaux résidents. Le Premier empire et les républiques ultérieures ont ainsi porté le même nombre d’élus derrière les colonnes : 42. En résumé, le Panthéon est une institution à la fois impériale et républicaine, ce en quoi on peut voir un symptôme de notre représentation de la nation.
La guerre et la politique sont les deux domaines les plus largement représentés avec nettement plus de la moitié du total (56%). Les scientifiques figurent sur la troisième marche du podium, tandis que les résistants forment le contingent qui, logiquement, a le plus augmenté au cours des dernières années. On peut d’ailleurs discuter le rattachement des concernés à cette catégorie et non à leur profession, même si c’est ce critère qui a, suppose-t-on, prévalu dans leur désignation. À noter la portion congrue des artistes. Et encore a-t-on, pour étoffer cette catégorie, ajouté au peintre napoléonien Joseph-Marie Vien l’architecte Jacques-Germain Soufflot.
À considérer aussi bien le nombre d’oubliés de l’histoire qui reposent dans le monument que la foule des grands absents qui pourraient y figurer, on constate que le best-of national proposé par l’institution manque cruellement de cohérence. Le Panthéon est décousu.

Précision : n’ont été prises en compte que les personnalités qui sont déjà au Panthéon, augmentées des quatre que François Hollande a désignées (donc pas celles qui en ont été « retirées », comme Marat, Mirabeau et Picot de Dampierre par décision des autorités, ou Lepeletier de Saint-Fargeau sur demande de sa famille).



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