L’extrême droite a mauvais genre

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« La théorie du genre n’existe pas. » Telle est la première phrase du document « Désintox » publié en ligne hier soir sur le site du ministère des Droits des femmes. Il était temps. C’est sans doute par là qu’il fallait commencer, c’est-à-dire par expliquer. Tordre le coup à la vaste opération de désinformation lancée la semaine dernière par la Bande à Soral, via Farida Belghoul, et reprise en choeur par Civitas, la Manif pour tous, le Printemps Français et autres joyeux drilles qui barbotent dans les marigots de l’extrême droite. Une relecture tordue du programme éducatif nommé « Les ABCD de l’égalité » dont l’objectif est de favoriser une égalité entre les filles et les garçons à l’école. Parce que, le saviez-vous, « depuis 1989, le code de l’éducation donne pour mission à l’école de favoriser l’égalité entre hommes et femmes », et qu’au vue de la persistance desdites inégalités dans la société française, il serait grand temps qu’elle s’y colle, l’école. Et son ministre aussi. Lui qui déclare en pleine polémique « ce n’est pas la théorie du genre que nous faisons. Je la refuse ». Une déclaration qui n’est pas sans conséquence, puisqu’ainsi que l’explique le linguiste Thomas Godard : « Lorsque Peillon proclame qu’il « refuse la théorie du genre », il commet donc une double erreur. Il valide l’existence d’une théorie pourtant imaginaire, et donne corps à une menace inexistante. » En clair, au lieu de rassurer les parents d’élèves, il agite lui aussi le chiffon rouge, tissé fil à fil par Soral et Boutin, ravis de confisquer une fois de plus l’agenda politique, au profit d’une campagne nauséabonde aux forts relents homophobes. Parce que telle serait « la menace » larvée dans le fameux SMS envoyé aux parents d’élèves : troubler l’identité sexuée des enfants et de fait, « risquer » qu’ils deviennent homosexuels. Nous y revoilà. Et qu’on se le dise pour éviter de tomber dans les pièges tendus par ses ennemis, il ne faut pas trainer sur leur terrain, notamment dans leur champ lexical. Bref, Peillon ferait bien de réviser sa copie, et au lieu de communiquer largement sur sa volonté de faire convoquer les parents d’élèves « individuellement ou collectivement » en vue de leur rappeler que « l’obligation d’assiduité scolaire est inscrite dans la loi », on préférerait qu’il explique que l’égalité entre les hommes et les femmes est une valeur forte de la République. Car la stratégie du « rappel à l’ordre » risquent de repousser certains parents, parfois déjà éloignés de l’école, du côté des lignes obscures… Un peu plus loin sur la droite.

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