Chapeau haut-de-forme, barbe hirsute, fleur d’églantine rivée à la boutonnière: démodé, Jean Jaurès ? Que nenni, ses idées vivent ! Cent ans après son assassinat par Raoul Villain, le 31 juillet 1914, l’intellectuel qui a défendu Dreyfus et les anarchistes victimes des « lois scélérates », qui a unifié les socialistes dans la SFIO en 1905, le journaliste qui a milité pour la séparation des Églises et de l’État et pour l’abolition de la peine de mort en 1908, le tribun enfin qui incarna la lutte contre la guerre continue de nous inspirer. Et pour cause, « Jaurès n’est pas uniquement un modèle d’homme de gauche, intellectuel et multiforme, mais l’un des pères fondateurs de la politique moderne – celle qui, se dégageant des seules logiques de pouvoir et de domination, défend une souveraineté des idées, du courage, des combats nécessaires, de la transmission et de l’éducation, du spirituel et de la morale », écrit son biographe Vincent Duclert.
Alors qu’en 2014 la pompe commémorative promet ses lots de cérémonies officielles et de récupérations politiques, il nous revient de rendre Jaurès à Jaurès, car il n’y aurait rien de pire que d’ « entretenir la cendre et délaisser la flamme », selon sa propre image.
Jaurès, 1859-1914. La politique et la légende , de Vincent Duclert, éd. Autrement, 283 p., 21 euros.
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