Et la gauche découvrit le racisme…

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Depuis quelques semaines, la France entière est saisie d’une immense stupeur : elle découvre avec effroi l’horrible visage du racisme.

Les injures racistes visant la Garde des Sceaux Christiane Taubira, la Une du journal Minute jouant des clichés racistes la comparant à un singe où l’invitant à manger des bananes exposent au grand jour des préjugés dont beaucoup semblaient croire qu’ils avaient été éradiqués de notre société.

Alors que certains déplorent le « retour » d’une France raciste, c’est un immense élan « républicain » qui meut la sphère politique. C’est ainsi que le Parti Socialiste a convoqué un grand meeting pour « défendre la République contre les extrémismes » talonné par les associations antiracistes historiques qui s’empressent de marcher contre le racisme alors que les plus jeunes générations encartées mobilisent une « marche des Républicains ». A les entendre, un racisme nouveau aurait ressurgi d’on ne sait où, après des années de silence.

Pourtant, si certains semblent penser que le racisme avait déserté la France, la plupart des personnes qui y sont quotidiennement exposées, n’avaient jamais remarqué son départ.

Plusieurs faits divers couverts par la presse sans susciter l’indignation générale illustrent la cruelle banalité d’un racisme jamais disparu mettant à jour l’indifférence dans laquelle il s’exprimait jusqu’alors. En octobre dernier, une famille d’origine africaine de Garges-les-Gonesse a dénoncé une descente policière au cours de laquelle un des représentants des forces de l’ordre a qualifié un enfant de 5 ans de « sale macaque » avant de le bousculer. Quelques jours plutôt, un chef de chantier était condamné pour avoir violenté et humilié un ouvrier noir qu’il qualifiait régulièrement de « singe » et de « macaque ».

Lors de son meeting le Parti Socialiste a choisi s’en prendre à l’« offensive réactionnaire et antirépublicaine de la part d’un bloc droitier » selon les termes de son premier secrétaire Harlem Désir sans jamais questionner ses propres pratiques.
L’ancien président de SOS Racisme a-t-il déjà oublié les propos de Manuel Valls déplorant le manque de « Blancs, de White, de Blancos » nuisant à « l’image » de la ville d’Evry dont il était le maire ? N’est-ce pas lui qui il y a quelques semaines déclarait que les Roms n’avaient pas vocation à rester en France ? C’est pourtant le même qui aujourd’hui tel un pompier pyromane condamne fermement toute expression du racisme.

A l’issue de l’événement, Harlem Désir affirme « Nous avons vu et entendu trop de choses inacceptables ces dernières semaines! Je n’ai pas connu un tel déferlement de la parole haineuse et raciste depuis trente ans ». Mais où se trouvait-t-il lorsqu’en septembre 2012 des habitants des quartiers nord ont détruit et brûlé un campement de Roms  avec la bénédiction de l’élue socialiste Samia Ghali qui affirmait les « comprendre » ? Personne dans les rangs de son parti n’a alors cru bon de marcher pour protester contre ces intolérables violences racistes.

« Cet islam sans gêne », « Le spectre islamiste », « La peur de l’islam », « Islam : ces vérités qui dérangent », « L’Occident face à l’islam », « Les islamistes et nous », « Pourquoi l’islam fait peur » « Les nouvelles tribus du crime » etc. depuis bien des années, les préjugés racistes s’étalent allègrement en une des magazines mainstream. Dans un paysage médiatique normalisant la parole offensive contre les minorités, pouvait-on attendre d’un journal d’extrême droite comme Minute autre chose qu’une surenchère ?

En réalité ce n’est pas le racisme qui avait disparu mais la vigilance des acteurs politiques et médiatiques. Au plus fort de la polémique relative au racisme visant Christiane Taubira, la journaliste Caroline Fourest se fendait d’une tribune dans laquelle, elle annonçait « nous sommes réveillés ».

Tandis que la gauche dormait ce sont des millions des Français anonymes qui les yeux bien ouverts ont subi un racisme quotidien alimenté par les unes anxiogènes des hebdomadaires d’information, les déclarations virulentes des politiques ou la violence des institutions républicaines.

L’habileté du racisme c’est d’avoir su se déguiser en se faisant rebaptiser « dérapage » justifiant ainsi l’inaction politique. Un pays qui accepte sans sourciller que ses citoyens noirs et d’origine maghrébine soient six à huit fois plus souvent exposés aux contrôles policiers que leurs concitoyens blancs ne peut raisonnablement croire que la question du racisme a été correctement traitée.

C’est parce que la République ferme les yeux sur les expressions les plus courantes du racisme, parce que le gouvernement n’a toujours pas conçu de plan national pour lutter concrètement contre le racisme, que celui ci s’affirme aujourd’hui de manière aussi choquante.

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