Danielle Simonnet, « Nous offrons aux Parisiens la possibilité d’un vote clairement de gauche »

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Vendredi 29 novembre Danielle Simonnet lance sa campagne pour les municipales à Paris. Il y aura meeting en présence de Jean-Luc Mélenchon. Après les dissensions internes au Front de gauche qui se soldent par une alliance PC/PS et une liste regroupant les autres forces du Front de Gauche, le résultat de la liste « A Paris, place au peuple !» aura un impact national. Entretien avec sa tête de liste Danielle Simonnet.

Regards.fr. Quels objectifs politiques fixez-vous à votre campagne ?

Danielle Simonnet. Nous voulons l’inscrire dans la dynamique de l’élection présidentielle. Concrètement nous nous fixons l’objectif de rassembler à nouveau les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à Paris, soit 11% et plus largement, contribuer à la mobilisation des abstentionnistes. Je crois que nous sommes bien partis. Sans exagérer la portée d’un sondage, la première enquête d’opinion sur le 14° arrondissement nous donne précisément 11%. Une telle base de départ en début de campagne peut rendre optimiste. Nous rassemblons les nôtres avant d’élargir.

Parvenez-vous à vous faire entendre malgré le duel NKM/ Hidalgo ?

Oui, je pense que nous sommes en mesure de déjouer cette histoire écrite d’avance. Les médias commencent à se faire écho de ma campagne et nous pouvons créer la surprise. NKM se décrédibilise chaque jour davantage. Elle ne fait le buzz qu’avec ses boulettes. Elle apparait définitivement comme celle qui défend la cause des héritiers. Elle mène une campagne très sécuritaire et réactionnaire en particulier sur les Roms. Elle n’est pas une candidature menaçante pour la gauche à Paris.

Hidalgo est quant à elle plombée par la politique gouvernementale, dont elle se dit solidaire, qui désespère tous ceux qui ont élu Hollande. La réforme des retraites qui remet en cause un acquis historique de la gauche et l’augmentation de la TVA pour faire payer au peuple les 20 milliards de cadeaux au patronat ne passent pas du tout. Delanoë cherche à prendre ses distances avec la politique gouvernementale mais il n’est pas crédible.

Comment articulez-vous critique de la politique nationale et enjeux parisiens ?

Je crois que le contexte national va vraiment peser dans le vote. Les électeurs vont se servir de cette élection pour envoyer un message au gouvernement. Nous leur offrons la possibilité d’un vote avec un contenu clairement de gauche.
Mais nous sommes aussi une liste parisienne. Nous ne séparons pas les deux. Nous voulons faire de Paris la capitale de la résistance à l’austérité. Ainsi nous contestons la baisse d’un demi-milliard des dotations de l’Etat pour Paris.

Paris est une ville très riche. Vous ne pensez pas légitime de donner davantage à la Seine Saint-Denis ?

Je conteste les critères qui décident de cette dotation. Ils sont fondés sur les recettes et non sur les dépenses. Or Paris doit faire face à des dépenses sociales avec 14% de la population sous le seuil de pauvreté et de très nombreux mineurs isolés. Je ne partage pas l’idée qu’il faille déshabiller Paris pour la Seine Saint-Denis. Ce sont les collectivités locales qui sont à l’origine de 70% de l’investissement public et ce sont elles qu’il faut soutenir. Plutôt que de faire la répartition de l’austérité, l’Etat doit au contraire impulser la relance en augmentant ses dotations.

Que pensez-vous du bilan de Delanoë ?

Je suis très fière d’avoir contribué en 2001 à avoir retiré les clés de la ville aux affairistes clientélistes de droite. Il n’est pas question de nier l’importance de ce qui a été fait : le tramway, la place de la République, la régie publique de l’eau. Mais l’essentiel reste à faire : stopper le départ massif des catégories populaires de la capitale et d’une partie des classes moyennes. Sur ce point c’est l’échec. Quand je suis arrivée à Paris en 1992, une chambre de bonne coutait 1/4 du smic. Aujourd’hui c’est les 3/4 du Smic. 50 m² coutent entre 1000 et 1500 euros. La ville de Paris et le gouvernement socialiste ne luttent pas contre la spéculation immobilière. La loi Duflot va même aggraver la situation.

Quels sont vos axes de campagne ?

Je les ai développés dans un livre A Paris, place au peuple (Ed Bruno Le Prince, 5€). Nous aurons trois axes. Le premier, la lutte contre la spéculation pour la baisse des loyers du privé et pour le logement social. Nous ne sommes pas d’accord pour que le logement réalisé par la ville soit moitié vraiment social, moitié intermédiaire. Nous voulons aussi que les loyers des logements gérés par la ville baissent et que les réhabilitations thermiques ne se traduisent pas pour les locataires par une hausse des charges.

Notre second axe sera celui de la défense et de l’élargissement du service public. Pourquoi accepter que Decaux ait le monopole du mobilier urbain et des Velib ? Que Bolloré se charge d’Autolib ? Que Vinci gère les parkings de la ville ? Que Derichebourg nettoie Paris ? Nous réintroduirons ces services dans le service public en municipalisant. Nous mettrons un terme au dogme de la masse salariale constante et nous titulariserons les agents précaires.

Enfin nous voulons faire de Paris une ville écologique. Pourquoi accepter ces constructions énergivores comme la tour triangle ? Nous voulons lutter contre la pollution publicitaire et appliquer le principe de précaution contre la prolifération des antennes et des ondes, imposée par les lobbies de la téléphonie mobile. Opposés à la Métropole du Grand paris qui poursuit le projet de Sarkozy, nous voulons au contraire repenser l’aménagement du territoire pour réduire les distances domiciles/travail ; stopper la suppression des terres agricoles au bénéfice de projets inutiles imposés comme l’immense centre commercial de Gonesse.

Enfin, nous savons que tout ceci n’est possible qu’avec l’implication citoyenne du plus grand nombre. C’est si essentiel que nous en avons fait le nom de notre liste : « A paris, place au peuple ! ».

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