Municipales à Paris, division au sein du PCF

Siège du parti communiste français

Les militants communistes parisiens ont donc choisi de faire liste commune avec le Parti socialiste d’Anne Hidalgo. Une décision lourde de conséquences. Analyse.

Samedi 19 octobre, le communiqué officiel du PCF indique que sur 1170 votes exprimés, 670 ont choisi l’alliance avec le PS – soit 57% des votants – quand 500 militants ont opté pour une liste Front de Gauche – 43% des votants. Le timing n’est pas des plus heureux : le jour même où la police intervenait brutalement contre une manifestation de sans logis et quelques heures après l’intervention de François Hollande sur le « cas » Léonarda, le PCF officialisait son alliance avec les socialistes à Paris.

Pour les tenants de cette alliance, il n’y a guère de raison de pavoiser. Si le résultat est net, on est bien loin des 67% recueilli début octobre au sein du conseil départemental 75 du PCF. D’autant qu’il faut reconnaître à la direction parisienne, comme à la direction nationale, de ne pas avoir lésiné sur les moyens pour orienter le choix des militants et dramatiser les enjeux. La réalisation d’un bulletin de vote indiquait explicitement le choix de la direction dans un exercice de démocratie orientée éprouvé (voir photo). L’Humanité dimanche du 10 octobre titrait : « Elections municipales Paris menacé ! ». Manquait juste le sous-titre : « camarades vous savez ce qu’il vous reste à faire ».

Il est trop tôt pour apprécier toutes les conséquences de ce résultat mais le vote à Paris laissera des traces. D’abord au sein même de la fédération 75 du PCF qui, suivant les arrondissements, a pu connaître des résultats très contrastés. Ainsi et pour ne choisir que deux exemples significatifs, la section du XIIIème arrondissement a voté à 80% en faveur d’une liste Front de Gauche, quand celle du XXème, l’arrondissement de Pierre Laurent, a opté pour le choix d’une alliance avec le PS à 80%. Dans les arrondissements qui ont massivement fait le choix de la liste autonome, nul doute que la dynamique communiste pour la campagne Hidalgo va être compliquée. Certains membres du PCF parisien peuvent être tentés de participer à la liste qui regroupe l’ensemble des autres composantes du Front de Gauche. Dans quelle proportion ? Il est trop tôt pour le dire.

Divers arguments ont été avancés par certains cadres communistes pour justifier des accords entre le PS et le PCF à Paris. Le premier est celui du rassemblement. Drôle de rassemblement pourtant que celui qui commence par diviser son propre camp et aboutit à ce que des organisations membres du Front de Gauche soient sur des listes séparées et donc concurrentes. Deuxième élément avancé : la menace Front National nécessiterait des accords de large union dès le premier tour. Au regard du score inférieur à 10% réalisé par le FN à Paris, on comprend mal la portée de cet argument quand le PCF se présente de manière autonome à Marseille ou à Nice. Enfin, la nécessité de préserver ainsi les municipalités communistes d’Ile-de-France fut parfois avancée. Dans les couloirs, certains cadres communistes expliquaient que, bien sûr, ce n’était pas leur choix mais que, face au chantage socialiste, il fallait l’accord à Paris pour obtenir le maintien des bastions de la ceinture rouge. Avec la volonté affichée par des membres du PS de se présenter à Saint-Denis, Saint-Ouen, La Courneuve ou encore Villetaneuse, contre les maires communistes, cet élément a disparu de la circulation. Finalement, seule la perspective du nombre d’élus semble avoir été prise en compte.

Mais au-delà des effets internes, le vote à Paris aura des répercussions sur l’ensemble du Front de Gauche. Il faut toute la mauvaise foi de Libération pour oser écrire : « Ce ne devait être qu’un simple vote militant. Local. ». On peut regretter cette situation, mais c’est ainsi, un choix fait à Paris a une portée politique qui dépasse l’enceinte du périphérique, surtout quand Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, s’est ainsi personnellement engagé et que Jean-Luc Mélenchon en a fait un casus belli national. Et ce d’autant que, parmi les principales métropoles, Lyon, Toulouse et Nantes devraient également voir une alliance entre communistes et socialistes. Parmi les six plus grandes villes françaises, seules Nice et Marseille auront une liste Front de Gauche au premier tour des élections municipales. Nul besoin de dramatiser et bien évidemment, il y aura une vie après les municipales. Mais un choix comme celui fait à Paris obscurcit la cohérence politique, affaiblira la visibilité du Front de gauche dans le cadre des élections européennes et obscurcit la construction d’une nécessaire alternative à la politique désastreuse du PS. Tout ça pour quoi ?

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