Les caissières encaissent

Oui, les caissières encaissent. Dans tous les sens du terme. Pour comprendre leur silence, la sociologue Marlène Benquet s’est mise en situation d’observation participante au fil d’une enquête qu’elle a menée auprès du groupe Batax et qui a duré trois ans. « Je voulais savoir « ce que cela faisait » d’être caissière pour comprendre « pourquoi elles ne se révoltaient pas », ou en tout cas moins que les salariés d’autres secteurs professionnels », raconte l’auteure. Ainsi a-t-elle décidé de se faire embaucher dans deux hypermarchés en dissimulant ses objectifs de chercheuse. Non sans peine… Car après avoir sollicité les confidences de ses collègues, elle devait encore se cacher pour prendre des notes. « Tel un espion de seconde zone, enfermé dans les toilettes, on commente frénétiquement le comportement de ses collègues sur un cahier qui, caché sous une robe, vous sciera les côtes le reste de l’après-midi. » Et les conditions de travail n’expliquant pas tout, elle a suivi un stage auprès de la fédération du syndicat majoritaire, puis au sein de la direction au service des ressources humaines. Cette fois sans masquer ses intentions. Il lui fallait saisir pourquoi, malgré l’existence d’un syndicat bien emplanté, cette profession possède une faible propension contestataire. Des conseils d’administration aux caisses enregistreuses, voici donc révélées les coutures de l’exploitation.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *