Mike Kelley

au Centre Pompidou

A Paris, le Centre Pompidou rend hommage à l’artiste américain Mike Kelley, décédé en janvier 2012, à 57 ans. Une centaine d’œuvres, datées de 1974 à 2011 , donnent pour la première fois en France une vue d’ensemble de cette œuvre complexe, protéiforme et dérangeante, puisant tout à la fois dans la culture savante et dans la culture populaire.

Le parcours de l’exposition au Centre Pompidou s’articule autour des temps forts de la production de l’artiste. Les grandes installations, telle The Poetics Project (avec Tony Oursler), 1977-1997, sont confrontées à des ensembles de travaux plus intimistes, en particulier sur papier, issus de collections européennes et américaines. Des premières performances réalisées à CalArts, la célèbre école d’art de Los Angeles, à l’œuvre graphique d’une richesse étonnante et aux dispositifs spectaculaires dans lesquels l’artiste recourt à toutes les techniques (vidéo, photographie, objets hétéroclites…), le travail érudit et teinté d’irrévérence de Mike Kelley se déploie dans un parcours visuel et sonore saisissant.


L’exposition s’ouvre sur les premières performances de la seconde moitié des années 1970, réalisées du temps des études de l’artiste à CalArts, et dans lesquelles l’humour et la dimension sonore sont omniprésents. Cet intérêt pour le son et la culture musicale populaire se retrouve avec l’évocation du groupe punk rock que Mike Kelley fonde avec Tony Oursler en 1977, The Poetics, dont l’histoire, restée confidentielle, est remise en perspective dans une magistrale installation présentée initialement à la Documenta X de Cassel en 1997 puis acquise par le Centre Pompidou.

La réhabilitation des histoires « mineures » est l’un des thèmes essentiels du travail de Mike Kelley. Une importante section de l’exposition est consacrée à ce qui rendra Mike Kelley célèbre – non sans un parfum de scandale – au début des années 1990 : la série d’œuvres intitulée Half a Man. Elle comprend de grands dessins de parties du corps (poumons, intestins, cerveaux…) associés à des dessins de sacs poubelles ou de poupées de chiffons, ainsi que des petits tapis tricotés, au sol, mettant en scène animaux en peluche trouvés ou poupées rembourrées faites main. Mike Kelley y fait dialoguer les registres psychologiques et artistiques, le régressif et la critique du minimalisme.

Une autre section s’articule autour du thème de l’éducation, avec en particulier Educational Complex, gigantesque maquette blanche constituée de la somme des établissements scolaires qui ont jalonné la vie de Mike Kelley. Les parties lisses, où l’architecture n’est pas détaillée, correspondent aux zones que la mémoire n’a pas su restituer, symptôme, selon l’artiste, de l’occurrence d’un traumatisme.

La question de la mémoire refoulée et la création de souvenirs écran innerve tout un pan du propos de Mike Kelley, depuis cette œuvre majeure jusqu’aux installations du corpus Day is Done, fictions créées à partir d’images d’activités extra-scolaires de lycéens ou d’étudiants, telles les fêtes déguisées ou autres rituels compétitifs hors norme. Le parcours s’achève sur une salle consacrée à un ensemble autour de la série Kandors, inspirée par la ville mythique de Superman. Mike Kelley a décliné les représentations multiples de la cité fictive sous d’innombrables formes, depuis les grandes installations lumineuses jusqu’aux microcosmes colorés.

du 2 mai 2013 au 5 août 2013
de 11h00 à 21h00
13€ / 10€
Galerie sud – Centre Pompidou, Paris.

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