Depuis un an, une multitude d’ouvrages sur le féminisme ont vu le jour. Nous en avons sélectionné quelques uns qui dessinent un paysage divers, complémentaire ou contradictoire.
Les essais sur le féminisme se suivent et ne se ressemblent pas. Dans son recueil remarqué, Le Féminisme en mouvements (éd. La Découverte), la théoricienne américaine Nancy Fraser retrace l’histoire d’un drame en trois actes. Face à la crise du néolibéralisme surgie sur les décombres des années 60, l’auteure en appelle à redonner au mouvement un souffle subversif, un esprit insurrectionnel, une vigueur. Toujours aux Etats-Unis, la journaliste Hanna Rosin a publié un ouvrage au titre provocateur, The end of men (éd. Autrement) qui vient d’être traduit en Français. Elle annonce, avec l’accession des femmes au pouvoir, une mutation des rapports de sexes. Du continent nord-américain à l’Asie, le patriarcat serait sur le point de disparaître… Comme elle y va ! En tout cas, en France, les stéréotypes dans le travail ont la peau dure. Certes la sociologue Margaret Maruani et la statisticienne Monique Meron décrivent des femmes qui, plus diplômées que les hommes, ont conquis des professions qualifiées. Mais les deux auteures d’Un siècle de travail des femmes en France (éd. La Découverte) montrent aussi la permanence de la division sexuelle du travail. Aujourd’hui encore, il existe des « métiers de femmes » : entretien des maisons, soin et garde des enfants. Le viol est une autre manifestation de ces inégalités qui perdurent. Clémentine Autain, qui en a fait un combat politique, a coordonné Elles se manifestent (éd. Don Quichotte), 109 témoignages recueillis sur la plateforme web de France télévision. Elle propose également un choix très personnel de textes féministes dans Ne me libère pas je m’en charge (éd. Librio), une petite anthologie qui offre une place à Marie de Gournay, Simone de Beauvoir ou Hubertine Auclert. C’est justement le féminisme « blanc » qui est pris pour cible par Les féministes blanches et l’empire (éd. La Fabrique) – ouvrage controversé de Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem qui fustige la collusion de ce mouvement avec le pouvoir raciste. A l’intérieur du monde musulman, des féministes pensent l’émancipation par le religieux, explique Zahra Ali dans Féminismes islamiques (éd. La Fabrique). Elles retournent les textes sacrés contre le patriarcat, s’élèvent contre les autorités politiques et religieuses qui bafouent certains droits. Reste la sacro-sainte différence biologique entre hommes et femmes. Une croyance que vient ébranler la biologiste Anne Fausto-Sterling, auteure de Corps en tous genres (éd. La Découverte), traduit en 2012. La combinaison entre chromosomes X et Y n’a pas réponse à tout… Voilà qui mettra sans doute tout le monde d’accord.
Et à revoir sur France 2, le documentaire Viol, elles se manifestent (70mn) de S. Carrel et A. Rawlins.
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