Regards.fr. Quand Mélenchon dit qu’il « est prêt
à être Premier ministre », ça résulte
d’un objectif politique ou bien c’est
un bon coup de communication ? `
Arnaud Champremier-Trigano. D’abord ça n’est pas une posture. Et ça
n’est pas non plus nouveau. Il avait déjà
dit pendant la campagne présidentielle
qu’il était prêt à endosser les habits de
Premier ministre de « son gouvernement
». Il y a deux directions possibles
à gauche. Soit on accepte les directives
européennes et ses politiques de rigueur,
soit on opte pour un modèle type
argentin, avec une politique de relance
ambitieuse et sans se laisser imposer
des règles hostiles, comme la fameuse
règle des 3 % du PIB – infondée par ailleurs.
Le FG doit incarner cette dernière
orientation. C’est le sens de l’engagement
de Mélenchon et de ces propos.
Pourquoi l’idée de « Mélenchon Premier
ministre » fait-elle sourire ?
Quand la gauche est majoritaire et qu’elle
gouverne, on est habitué à avoir un Premier
ministre issu des rangs socialistes.
À Matignon, on projette difficilement une
personnalité issue d’une autre formation
politique que le PS. C’est ce que veut démontrer
Mélenchon. Avec ses 11 % à la
présidentielle, le FG s’impose comme la
deuxième force politique de gauche. C’est
la seule alternative crédible à la politique
menée par Jean-Marc Ayrault et qui nous
mène dans le mur. Mélenchon travaille à
créer un véritable leadership au sein de la
gauche. Le FG ne peut rester cantonné à
un second rôle. L’objectif à terme c’est de
peser concrètement sur les grandes orientations
politiques. Et cela passe par un
gouvernement issu d’une autre majorité
de gauche…
Mais n’y a-t-il pas un problème de
crédibilité ?
Non, je ne le crois pas. Mais il y a du boulot.
Depuis la campagne présidentielle,
les lignes ont bougé. Pour beaucoup des
commentateurs politiques, le FG est un
mouvement de « gauchos », il est resté
prisonnier d’une étiquette tronquée, celle
de l’extrême gauche. Le terme de « révolution
», repris régulièrement pendant
la campagne, a sans doute contribué à
enfermer l’identité du FG dans un cadre
contestataire. Cela dit, la crise s’intensifie
et chaque jour nos propositions apparaissent
de plus en plus nécessaires et
crédibles. Les échecs successifs des
politiques d’austérité menées en Europe
et singulièrement en France devraient
conforter la place du Front de gauche en
France. Cette révolution citoyenne que
le FG assume et appelle de ses voeux
est pourtant nécessaire pour changer
radicalement la donne.
Le FG ne doit-il pas s’élargir pour espérer
gagner une nouvelle majorité ?
C’est nécessaire. De nombreuses voix
s’élèvent au PS et à EELV contre la politique
du gouvernement. Les analyses et crise convergent avec ces sensibilités
politiques, minoritaires au sein de leurs
partis. Il importe désormais d’ouvrir plus
largement le FG et qu’il s’enrichisse de
toutes les sensibilités qui aspirent à la
transformation sociale et écologique. Ce
rassemblement est nécessaire dans les
luttes comme dans la construction d’une
alternative à la politique du gouvernement.
Il est sans doute même un préalable pour
peser mais aussi pour gouverner demain.
Si une majorité nouvelle s’imposait
à gauche, Mélenchon pourrait-il rester
l’homme fort ?
Il restera quoi qu’il arrive un des hommes
fort d’un rassemblement plus large. Il a
porté la voie du FG à la présidentielle
avec le succès que l’on connaît. Il a été
un porte-voix fabuleux. Il a suscité des
attentes, des espérances. Il a incarné un
véritable élan populaire. Cela dit, c’est
aussi le drame de la Ve République. Il faut
dépasser la seule question de la personnalité
et imposer un nouveau courant de
pensée.
les propositions du FG pour sortir de la
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