Avec son nom à coucher dehors, Oscar Coop-Phane s’est fait logiquement remarquer l’année dernière avec un premier roman intitulé Zénith-Hôtel. A 22 ans, cet écrivain, garçon de café de son état, faisait référence au naturalisme des années 50 : Eugène Dabit, Henri Calet, Raymond Guérin… C’était prometteur, quoiqu’un peu emprunté, histoires de prostitution, trottoir, pluie, vitre sale… Résultat : prix de Flore 2012. Les serveurs de la célèbre brasserie de Saint-Germain ont pu, pour une fois, applaudir l’un des leurs.
Et revoici Oscar, très vite, avec un livre magnifique pour le coup : Demain Berlin. La langue n’a pas changé, mais elle s’est délestée de ses références. Elle n’a pas changé, elle renvoie toujours à la sécheresse plate des petits maîtres réalistes de l’après-guerre, mais convoquée cette fois pour parler d’aujourd’hui. L’air de rien, Demain Berlin est un roman assez politique comparant la vie contemporaine dans deux capitales : Paris et Berlin. Paris comme ville dortoir, comme ville qu’on fuit, éteinte et spongieuse, et Berlin, « ville situationniste » pour les adeptes de la dérive psychogéographique, et capitale des « druffis », des drogués au GBH et autres substances, qui dansent et baisent jour et nuit, en communauté dilapidée, ni heureuse ni malheureuse, peut-être juste absente. Il y a bien un rêve de rébellion : « Une armée boiteuse, un peu mal fichue, tous les loosers de la planète réunies en un seul régiment. Voyous, perdants, artistes et serveuses, portiers de nuit, fêtards, plombiers et scribouillards, ils marchent, ensemble, en cadence, pour se faire la place qu’on ne leur a jamais donnée. » Ce rêve, Oscar Coop-Phane est très doué pour le faire mourir sous vos yeux.
Oscar Coop-Phane, Demain Berlin, éditions Finitude, 170 pages, 16 euros.

Laisser un commentaire