Voici une enquête sur la violence de la police réalisée par un auteur qui a vécu vingt-six ans à Genevilliers. Fabriqué comme un « mâle blanc et hétérosexuel », Mathieu Rigouste est donc un sociologue qui, tout en profitant de certains privilèges, a grandi aux côtés des opprimés. Dans cette banlieue ouvrière de Paris, classée par l’Etat « zone urbaine sensible », qui fut son premier terrain d’observation. Il s’attache à décrire les rouages d’une machinerie qui soumet et bannit les damnés du néolibéralisme. Les armes policières ne cessent de s’affûter : « Une technique particulièrement féroce s’est récemment diffusée dans la répression des luttes radicales. Le tir de grenades de désencerclement (dites à fragmentation) aux pieds des opposants n’est pas autorisée légalement – ces grenades sont en principe destinées à disperser par le bruit et le souffle de la détonation », constate le sociologue. Mais « les révoltes des quartiers populaires et les manifestations indisciplinées connaissent depuis le milieu des années 2000 une augmentation des cas où les chairs du mollet, d’un bras ou d’une main ont été arrachées par les éclats de ces grenades ». Tactiques de la tension, marché de la coercition, essor de la BAC, répression des luttes radicales… La police ou le gouvernement des indésirables.
La domination policière. Une violence industrielle, de Mathieu Rigouste, éd. La Fabrique, 72 p., 15 euros

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