Petit éloge du court circuit

Stéphane Sarpaux, Nathalie Crubézy

Faire de l’agriculture bio et écouler sa production en circuit court n’est plus l’apanage des néo-ruraux adeptes d’un «retour à la terre» un peu idéalisé. Pour s’en convaincre, on peut lire lire Court-circuit. Durant une année, Stéphane Sarpaux et Nathalie Crubézy, respectivement journaliste au mensuel Le Ravi et photographe membre du collectif à-vif(s)*, ont suivi le quotidien de quatre agriculteurs installés dans la région de Marseille. Un arboriculteur, un maraîcher, un apiculteur et un chevrier qui ont fait le choix de (re)nouer le contact avec les consommateurs en proposant le fruit de leur labeur en vente directe par le biais des AMAP et/ou des marchés locaux.

Découpé en quatre saisons, l’ouvrage donne à voir le quotidien de ces paysans engagés dans une voie qui leur permet d’atteindre un équilibre économique et « éthique » dans leur pratique professionnelle. Amateurs de profits colossaux, de centaines d’hectares labourés et d’épandage massif, passez votre route. «La vente directe a toujours été évidente pour moi, aussi bien pour le côté financier que pour le contact avec les clients», résume Claude l’apiculteur. Pour tous, l’expérience des centrales d’achat, de la grande distribution ou des maquignons s’est avérée à un moment ou à un autre désastreuse. «Grâce au système des AMAP, je suis maître de ma production, j’ai une lisibilité sur l’année à venir, je peux compter sur des revenus fixes car garantis par les contrats signés avec les adhérents. Et surtout, je suis maintenant fier d’être agriculteur», raconte Bruno qui en a eu marre de voir la grande distribution lui acheter ses salades à 30 cents pour les revendre 1 euro.

On enfume les abeilles avec Claude, on s’inquiète pour la serre-chapelle de Bruno, on goûte avec délice les pêches de Bernard et on part en balade avec les chèvres de Luc. Le climat est un allié décisif et la terre, une mère nourricière dont on prend soin. Les textes et les images laissent toute leur place à ces hommes et les donne à voir et à entendre in situ. Au-delà des trajectoires – qui révèlent au passage des existences rythmées et tout sauf monotones – la question de la place de l’agriculture dans la société française contemporaine traverse ce bref mais rafraîchissant ouvrage.

* Le Ravi et le collectif à-vif(s) sont deux médias partenaires occasionnels de Regards.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *