Georges Corm est un éminent spécialiste du Proche-Orient. Il en a par-dessus la jambe du vocabulaire qu’il dit « aseptisé » des frappes, des dommages collatéraux ou de la lutte contre le terrorisme. Et il n’aime pas que l’on confonde les symptômes et les maux réels, ou le prétexte et la cause. En bref, il en a marre des « fanatismes civilisationnels » et d’un occidentalisme qui fonctionne d’abord au mépris des pauvres. Dans son livre, il est question de représentations biaisées, de manipulations mémorielles et de droit à géométrie variable. Et du refus de confondre la régression islamique et un Islam, dont il souhaite voir renaître la liberté originelle d’exégèse du texte sacré, et donc de possible tolérance. Dans le contexte actuel, le rappel est salutaire. Même s’il lui arrive de sous-estimer ce qu’un kantisme doctrinaire ou un laïcisme étroit peut porter de responsabilité dans le déclin du parti pris laïque.
Pour une lecture profane des conflits, de Georges Corm, éd. La Découverte, 275 p., 19,50 €

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