Budget 2013 : le bon combat ? par Henri Sterdyniak, économiste attéré

Henri Sterdyniak, membre des Économistes atterrés décrypte le budget 2013 voté mardi à l’assemblée nationale.

Le budget 2013 est le premier budget d’un nouveau gouvernement de gauche. C’est un acte fondateur. Le gouvernement marque-t-il une rupture par rapport aux politiques d’austérité et de réformes structurelles libérales ? ou vise-t-il à les prolonger en les rendant un peu plus supportables. La réponse demeure ambigüe. François Hollande et le gouvernement ont endossé l’objectif imposé par Bruxelles : tout faire pour réduire le déficit budgétaire à 3%, pour l’annuler en 2017. Toutes les marges de manœuvre sont ainsi utilisées pour ce seul objectif. Ainsi, la France accepte de pratiquer des politiques de rigueur en période de récession ; elle renonce à soutenir la croissance et l’emploi. La croissance sera nulle en 2012 comme en 2013. La France, comme la plupart des pays de la zone Euro, s’enferme dans une spirale absurde. Chaque plan d’austérité provoque une baisse de la croissance, donc des rentrées fiscales, il faut donc en faire un deuxième, qui lui-même fait baisser la croissance…

Ainsi, François Hollande a accepté de signer le Pacte Budgétaire, qui impose la poursuite des politiques d’austérité et interdit toute politique budgétaire autonome. Il a accepté que soit créé un Haut Conseil des Finances Publiques, qui aura la tâche de vérifier que la France obéit bien aux ordres de la Commission Européenne. Il n’a obtenu en échange que la signature d’un Pacte de Croissance, en trompe l’œil, qui réaffirme la nécessité des réformes structurelles libérales (comme la mise en cause du droit du travail ou la baisse des retraites publiques) et ne prévoit que des mesures de relance faible (120 milliards d’euros sur 4 ans) qui ne compensent pas les politiques d’austérité mises en œuvre partout en Europe (240 milliards d’euros par an).

En même temps, la France est quelque peu sortie du rang, puisque la majeure partie des mesures de réduction du déficit pour 2013 sont des hausses d’impôts, portant sur les plus riches ou sur les grandes entreprises. Il faut applaudir la hausse des droits de successions, le rétablissement des taux de l’ISF, les nouvelles tranches de l’IR à 45 et à 75%, les mesures contre l’évasion fiscale des grandes entreprises, la hausse du forfait social sur les rémunérations annexes, la taxation accrue des banques, l’esquisse d’une taxation des opérations financières, la fin des exonérations des heures supplémentaires, la limitation du gain apporté par les niches fiscales.

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