Algériens en France

Dirigé par Benjamin Stora, le livre publié à l’occasion de l’exposition sur les Algériens en France à la Cité de l’immigration est une mine. On y chemine entre images d’archive, analyses contemporaines et paroles vivantes. « Pour celui qui cherche à venir en France, c’est comme aller à la Mecque : on pleure en touchant le sol de la métropole. Moi, j’ai pleuré quand je suis arrivé à Marseille », se remémore Mohamed Boukhateb. « Les plus âgés nous racontaient qu’ils s’étaient fait chasser en revenant du bal. “Bougnoules ! Bicots !” leur criaient les paysans en leur courant après avec des fourches, raconte Abdelkader Zennaf. Pour ma part, je n’ai pas eu à souffrir du racisme. On était avec des fils d’ouvriers français qui travaillaient à l’usine, comme nos parents. Avec les gamins de notre âge, français ou étrangers, on jouait aux cow-boys et aux Indiens dans les bois environnants. Mais je n’ai jamais mis les pieds chez mes camarades français. » Chaque chapitre s’ouvre sur des récits de vies ordinaires qui croisent la grande Histoire : la lutte pour l’indépendance, le massacre du 17 octobre, la diversité de l’islam de France, l’omniprésence de l’« Arabe » dans la rubrique des faits divers… Un beau complément à l’exposition.

Algériens en France, 1954-1962 : la guerre, l’exil, la vie, de Benjamin Stora (dir.), éd. Autrement/ Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 224 p., 30 euros

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *