Devant la tragédie de l’accident mortel survenu le week-end dernier sur l’autoroute A20, remettant au coeur de l’actualité politique la question du démantèlement des services publics, Patrick Hallinger, membre de la direction de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics, répond aux questions de Regards.
Regards.fr. Comment réagissez-vous devant l’accouchement mortel qui a eu lieu sur l’A20 vendredi dernier ?
Patrick Hallinger. C’est un drame épouvantable et qui était malheureusement prévisible. Dès 2005, lors du lancement de notre mouvement de défense des services publics, nous avions initié un grand débat de société sur cette question. Le collectif rassemblait des mouvements de défense des hôpitaux et des maternités de proximité mais aussi des écoles – qui sont menacées notamment dans les territoires ruraux. Plus que jamais ces tragédies nous invitent à redoubler de vigilance et à poursuivre la mobilisation à l’échelle nationale et plus largement au niveau européen, pour défendre un service public pour tous, accessible et de qualité.
Quel peut-être le rôle des pouvoirs publics ?
Le président a demandé une enquête concernant sur cet accident mortel. Il faut attendre les conclusions de cette enquête. Cela étant, le diagnostic est connu de tous, à commencer par les élu-es : il y a une profonde détérioration des services publics. Souvent ces même élu-es territoriaux s’étaient mobilisés en 2005 pour défendre un service public de qualité, partout et pour tous (cf. manifestation en 2005 dans les rues de Guéret (23) pour défendre les services publics et qui a fait naitre la convergence nationale des collectifs de défense des services publics). Aujourd’hui il faut aller plus loin, il faut certes une prise de conscience et une mobilisation politique, mais il faut que les syndicats et les citoyens s’emparent de cette question centrale des services publics.
Comment enrayer le démantèlement des services publics ?
Il faut dépasser la seule logique financière. Il faut repenser le projet de société en plaçant la question des services publics au coeur des politiques publiques. Il importe de revenir aux fondamentaux de la sécurité sociale. La sécurité sociale doit constituer un droit inaliénable, universel. Notre mouvement s’était élevé contre le TCE en 2005 car il constituait une nouvelle étape de mise en cause des services publics. Le gouvernement doit réaffirmer que les services publics, singulièrement la santé, sont un droit commun, un acquis sur lequel on ne peut revenir. Et agir concrètement, c’est à dire donner les moyens aux services publics de fonctionner, qu’il s’agisse de l’école, de la santé, de l’emploi etc.
Quel est votre regard sur l’action du gouvernement ?
Le gouvernement est devant des choix budgétaires importants. Il est face à un rendez-vous historique. Il peut changer la donne. Il doit placer l’humain au coeur de sa politique. Les services publics participent du vivre ensemble. Il est le garant du développement de l’emploi, de l’égalité entre les territoires. Un pays dynamique et prospère, c’est un pays qui investit dans l’industrie et le tertiaire mais qui s’appuie aussi sur des services publics forts. Ces secteurs d’activités sont interdépendants. Les services publics ne peuvent pas être mis en concurrence ainsi que le préconise le rapport sur la compétitivité (ndlr. rapport Gallois). Le gouvernement évoque des baisse de cotisations sociales. Qui va compenser les pertes ? Les usagers ? C’est un débat inquiétant.
Et comment comptez-vous peser sur les orientations du gouvernement ?
Les projets en termes de services publics doivent être redéfinis. On sent aujourd’hui une hésitation du gouvernement. Elle est liée à la question des choix budgétaires qui ne sont pas tranchés. Nous avons une assemblée générale de notre mouvement le 1er décembre prochain. Nous allons interpeller le gouvernement pour que le changement s’opère maintenant. Les mobilisations européennes du 14 novembre à l’appel du CES (confédération européenne des syndicats) pour lutter contre les politiques d’austérité en Europe vont sans doute sonner le premier acte d’une mobilisation plus large.




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