« J’ai été prise en stop par un jeune homme d’une trentaine d¹années ». Le portrait sonore d’Adeline, jeune femme peintre, violée à 19 ans, n’est ni pudique, ni pudibond, ni voyeur, ni vulgaire. Adeline a été violée en juillet 2006, elle raconte, et point.
La force du documentaire radiophonique réalisé par Élisa Monteil, pour Arte Radio, tient dans la rareté des hésitations, dans la clarté de la voix, dans la précision des propos, dans le monde calmé d’Adeline qui pointe entre les mots : «Je lui ai juste dit qu’il était en train de faire une erreur. » Adeline peint, on l’entend griffonner, elle raconte que ce sont des «paysages séparés des corps ». Parfois, elle retourne sur les lieux du viol, « ça me permet de repartir avec des images un peu moins terrifiantes ». Le procès, qui s’entend sporadiquement, sonne faux, il paraît hors sujet, hors de propos, un moment d’une froideur abyssale qui ne ressemble en rien à la vie qu’Adeline se construit. Et après, et plus tard encore ? Le retour du désir ?
Mais peut-être qu’il ne l’a jamais quitté. Nous revient alors en mémoire cette phrase de Virginie Despentes, extraite de son livre King Kong Théorie : « J’ai fait du stop, j’ai été violée, j’ai refait du stop. »
Cette pièce radiophonique est sélectionnée pour le prix Europa 2012 qui se déroulera à Berlin du 20 au 27 octobre 2012.

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