« Les mythes politiques peuvent parfois aider à préfigurer le futur. Ils deviennent terriblement nocifs quand ils ne servent plus que de musée du passé. » Dans un ouvrage au titre provocateur, Liberté égalité blabla, l’économiste Yann Moulier Boutang, codirecteur de la revue Multitudes, sort le bazooka. Avec une ironie et une rage mêlées, il décortique les usages et les effets de cette idée dévitalisée qu’est selon lui devenue la République. Un mot usé qu’il ne craint pas de ranger du côté des bibelots pour touristes hésitant entre une figurine de Marianne ou une tour Eiffel miniature. Damned ! Il n’y va pas de main morte. Si la tendance réactionnaire qui s’incarne en Blandine Barret-Kriegel, Alain Finkielkraut ou Régis Debray ne trouve pas grâce à ses yeux, il concède un certain piquant au verbe d’un Jean-Noël Jeanneney ou d’un Jean-Luc Mélenchon. Mais de son point de vue, il est urgent de résister aux sirènes républicaines – même séduisantes – de l’égalité, la liberté, la laïcité ou l’intégration « à la française ». Des valeurs fondatrices que l’auteur confronte aux discriminations vécues, à la surpopulation carcérale, à la montée des écarts de salaire… « Pour les paroles, les organismes, nous sommes forts, estime-t-il. Mais pour les résultats ? » Le débat est ouvert.
Yann Moulier Boutang, « Liberté égalité blabla. Les mythes usés de la République» (éd. Autrement, 176 p., 12 €)
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