Ils ont micros ouverts à la radio, tribunes à disposition dans la presse de droite mais pas seulement, et leurs ronds de serviette sur les plateaux télé. Et pourtant ils se plaignent se subir la dictature d’un politiquement correct supposé, d’une bien pensance sournoise, d’un soviétisme des bons sentiments. Ils se nomment Camus, Roufiol, Zemmour, Val, Makarian, Finkelkraut, Conan, Bruckner, mais aussi Szafran, Daniel, Kahn ou Joffrin… De la dénonciation de l’Islam à la reconnaissance, tout de même, d’un problème musulman en France, Sébastien Fontenelle décrit comment et par quel biais le discours raciste décomplexé a progressivement envahit l’ensemble de la sphère médiatique d’abord, politique ensuite.
Choisissant en prologue de revenir sur la saillie de Chirac à propos « du bruit et (de) l’odeur » l’auteur balaye à la façon d’une revue de presse vingt cinq ans de propos nauséabonds, et démonte quelques uns des lieux communs véhiculés par les uns et les autres pour justifier l’injustifiable de leurs discours idéologiques. De la figure du grand mufti de Jérusalem allié d’Hitler en 1943, à l’analyse de l’origine du mot islamophobie, Fontenelle, compile les perles flatulentes d’une pensée du rejet, en montre la récurrence, et l’inquiétante diffusion. Si on ne s’étonnera malheureusement pas d’avoir la confirmation que l’ensemble de la sphère intellectuelle de droite s’est laissée contaminée par les idées du FN, on s’inquiétera en revanche de sa propagation rampante à gauche, mesurée par le recul progressif des valeurs qu’elle est censée défendre et incarner. Un livre argumentaire, en forme de manuel de résistance intellectuelle. Salutaire.
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