Les récentes annonces du PDG de France télévisions soulèvent l’inquiétude des salariés de France 2 et France 3. Plan social et fusion sont bel et bien au programme. Même si l’agenda choisi pour remettre le sujet sur le feu n’est pas innocent.
Mobilisations. Les salariés de France-Télévision sont-ils fondés à s’inquiéter sur leur avenir? A priori, oui. Le 11 septembre dernier, à l’issue d’un Comité central d’entreprise (CCE), le PDG Rémy Pflimlin s’est livré à quelques annonces alarmantes. En gros, il s’agit de très substantielles baisse des recettes publicitaires et des aides publiques. Qui, selon les syndicats, servent à justifier un plan social qui pourrait aller « bien au-delà des 500 départs prévus d’ici 2015 ».
«France Télévisions est victime d’une stratégie délibérée d’asphyxie financière. Cela a commencé avec la suppression de la publicité (dont la compensation va très certainement être censurée par Bruxelles) et cela se poursuit avec le gel des dotations budgétaires de l’Etat actionnaire», écrit le Syndicat national des journalistes (SNJ)-CGT avant de dénoncer: «Quand on veut justifier un plan social, on crée un déficit.» [[« Appel à la mobilisation unitaire Sauvons France télévisions! », communiqué du 13 septembre du Syndicat national de Radiodiffusion et de télévision (SNRT)-CGT et du SNJ-CGT.]]
La perspective confirmée de «la fusion des rédactions nationales» provoque également des remous côté syndical. «Cela concerne surtout les rédactions nationales de France 2 et de France 3, explique Robert Papin, journaliste à la rédaction de France 3 Provence-Alpes et délégué du personnel CGT [[Les antennes régionales de France 3 sont désormais regroupées en 5 pôles géographiques distincts. France 3 Provence-Alpes est rattaché au pôle Sud-est (environ 1300 salariés sur Lyon, Clermont, Grenoble, Antibes-Nice et Marseille). La rédaction compte 58 journalistes sur un total d’environ 200 salariés répartis sur les rédactions de Marseille, Toulon, Avignon, Gap et Digne les Bains.]]. Pour l’instant, les antennes régionales ne sont pas évoquées mais on sait bien que l’on échappera pas à la baisse des moyens. On ne sait pas encore comment cela va se traduire concrètement mais depuis quelques années déjà, les départs à la retraite ne sont plus remplacés».
Installé à la tête de France-Télévisions, depuis le 23 août 2010, Rémy Pflimlin avait été « proposé » en juillet précédent par Nicolas Sarkozy avant que cette proposition ne soit avalisée par le CSA et deux commissions parlementaires. Depuis, Sarkozy a quitté l’Elysée et on veut croire côté syndical au… changement: «La nouvelle majorité n’a pas été élue pour mettre en œuvre une politique de casse sociale et de mise à mal du service public de télévision», estime le SNJ-CGT. Ce qui, dans la bouche de Robert Papin donne: «Je pense qu’il faut prendre du recul par rapport à cette annonce: elle a été faite par le PDG, il faudrait maintenant savoir ce qu’en pense sa tutelle du ministère de la Culture. Il n’est pas sûr qu’elle ait forcément envie de conserver à la tête de France télévisions cet homme nommé par l’ancien président. Il est donc urgent d’attendre…»
En l’occurrence, France télévisions est sous la co-tutelle des ministère du budget et de la Culture. On se souvient de la passe d’arme, fin août, entre Jérôme Cahuzac et Aurélie Filippetti au sujet du rétablissement de la publicité, souhaité par le premier au contraire de la seconde. Plus que le fond du débat qui est pourtant loin d’être tranché (la suppression de la publicité, est-ce bon ou mauvais pour le service public audiovisuel?), c’est la controverse entre les deux ministres qui a fait les choux gras de la presse pendant quelques jours. Le type même d’écran de fumée dont se méfie aujourd’hui le syndicaliste de France 3 Provence-Alpes: «On est en train, à France télévisions, de renégocier les conventions collectives des techniciens, administratifs et journalistes et la signature approche, notamment pour les journalistes, révèle Robert Papin. On ne peut donc pas exclure la possibilité que ces annonces de Pfimlin relèvent d’une stratégie pour détourner l’attention des salariés. Peut-être qu’il a voulu allumer un contrefeu pour que les syndicats se mobilisent sur ces propos et délaissent un peu cet enjeu actuel…»





Laisser un commentaire