Nombreux sont les artistes d’art contemporain qui se saisissent de l’actu pour en faire un thème racoleur ou pire un sujet faussement politique. Pour Clément Cogitore, « l’engagement est toujours à double tranchant, quand il prend le dessus, c’est dangereux. (…) Dire que l’Europe a une politique vis-à-vis de l’immigration brutale, injuste et violente est un lieu commun, ce n’est pas un sujet pour une oeuvre, c’est un travail de journaliste. » Et, pour sa première exposition personnelle, le voilà pourtant qui s’empare d’images d’actu bien ancrées dans nos représentations : la Place Tahrir, le masque des Anonymous, Batman… Mais de les détourner franchement pour provoquer une très grande tension avec d’autres représentations bien plus classiques. Le déjeuner sur l’herbe devient celui de jeunes manifestants assis au bord de l’eau, devant un feu de palettes pour se relaxer après une dure journée de revendications ; l’armure scintillante du cavalier noir se transforme en tenue de CRS ; dans une photo agrafée au fond d’une caisse éclairée au néon, la peinture religieuse italienne n’est pas bien loin. Clément Cogitore a choisi d’intituler son exposition « Rondes de Nuit » et oeuvres après œuvres, l’on ne sait plus si l’on doit faire référence à Rembrandt ou aux rondes de police le soir dans les cités. Ce jeune pensionnaire de la Villa Médicis met en évidence ce qui ce joue dans la mise en scène du pouvoir et de la contestation, tout en prenant clairement parti pour ce qu’il appelle « la figure de l’émeute ». Revivifiant !


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