Arrivée en tête du scrutin grec de dimanche, la Nouvelle démocratie peut désormais constituer une majorité parlementaire avec les socialistes. Cette coalition demeure néanmoins fragile et ne représente qu’un électeur grec sur quatre. Un peu maigre pour continuer d’appliquer les plans d’austérité imposés par les créanciers. Si Syriza n’a pas été en mesure de l’emporter, elle est désormais le principal pivot autour duquel une opposition pourra s’organiser.
La Commission européenne et le FMI peuvent souffler : la Nouvelle démocratie (conservateurs) menée par Antonis Samaras est en tête du scrutin face à Syriza (Gauche radicale). D’après les règles électorales, le parti arrivé en tête de l’élection bénéficie d’un « bonus » de 50 sièges afin de faciliter la formation d’une majorité parlementaire. C’est ainsi que la Nouvelle démocratie et le PASOK (Parti socialiste) ont, à eux deux, une majorité de 161 sièges sur 300. La voie serait donc ouverte à la formation d’un gouvernement pro-memorandum qui appliquera les mesures d’austérité imposée par l’Union européenne et le FMI.
Pour autant, ce répit ne pourrait être que de courte durée. La probable coalition qui gouvernera ce pays ne représente que 42% des voix exprimées lors d’un scrutin lui-même marqué par une très forte abstention (39%). En intégrant cette abstention, le gouvernement ne recueille en vérité que l’assentiment d’un grec sur quatre.
Alors que cette campagne laissait entrevoir la perspective d’une victoire de Syriza, cette formation recueille 27,1% des voix, loin devant le PASOK (12,3%) et les autres formations de gauche, Gauche démocrate et Parti communiste. Aucun coup n’a été épargné à Syriza, y compris celui de soutenir d’anciens terroristes, accusée de vouloir mener le pays à la catastrophe. Et ceci alors que le programme de Syriza n’était nullement la sortie de la zone euro mais bien la remise en cause des plans d’austérité, notamment salariale, ayant plongé le pays dans la récession et la suspension du paiement des intérêts de la dette afin d’engager une véritable négociation avec les créanciers, nos médias européens n’ont cessé de déformer sa position en la présentant comme favorable à une sortie de la zone euro. Sommes-nous si sûr que les institutions de l’Union européenne souhaitaient réellement une sortie de la Grèce de la zone euro en cas de victoire de Syriza ? L’établissement d’une majorité parlementaire autour de Syriza n’aurait-elle pas au contraire permis à la Grèce d’avoir des négociateurs un peu plus pugnace que le personnel politique de la Nouvelle démocratie et du PASOK ? Est-ce que cela n’aurait pas permis d’imposer aux banques et institutions financières des conditions de sortie de crise plus favorables au peuple grec ?
Pour autant, Syriza reste confortée dans son rôle de pilier de l’opposition. Cette formation politique va devoir faire un bilan de sa défaite – toute relative tant sa progression a été foudroyante ces derniers mois – mais c’est indiscutablement autour d’elle que pourra s’organiser une alternative aux politiques d’austérité. Le refus du Parti communiste (KKE) de toute alliance en vue de former une majorité est un élément-clé de la difficulté de constitution d’une majorité alternative. Mais il est probable que les mouvements sociaux continueront de s’opposer, dans les luttes comme dans les alternatives, à la casse de l’économie grecque organisée par les institutions internationales. Le véritable défi pour Syrisa va désormais être de proposer un débouché politique viable à ces luttes.



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