Des récits très sérieux ?

Christian
Salmon

Les jeux de mots colorent
d’un style parodique le dernier
ouvrage de Christian Salmon
.
L’auteur du désormais célèbre
Storytelling, qui contait l’histoire
de la fabuleuse « machine »
politique à « fabriquer des histoires
», revisite ce thème à
l’aune des récents événements
– et notamment du quinquennat
qui s’achève. Les vedettes : Barack
Obama et Nicolas Sarkozy.
Les seconds rôles essaimés au
fil des vingt-huit chapitres qui
composent ce livre : Berlusconi, Hollande, Aznar, Le Pen, Royal…

« Nous sommes tous devenus plus ou moins sarkologues », constate
l’écrivain. Nous ? Les éditorialistes, commentateurs, internautes. Et
lui, comment analyse-t-il le dire et l’agir d’un Président-candidat qui
a sans cesse changé de tactique et de style ? Cette « versatilité »
est à ses yeux bien plus que le signe d’une personnalité frénétique
et changeante. C’est un nouvel habitus caractéristique de l’homopoliticus
expérimental, néolibéral et postdémocratique. La manifestation
d’une évolution : le politique, metteur en scène et narrateur
de soi, devient « entrepreneur de lui-même ». « Il incarne le pouvoir
jusqu’au bout de ses doigts. Dans chaque centimètre de sa peau.
Mobile, flexible, adaptable ; ses vertus, dont le prince fait sans cesse
l’éloge dans ses discours, il se les applique à lui-même.
» En premier
lieu, l’impératif de maigreur. Jusqu’à celui de François Hollande,
les corps se doivent d’être modelables à loisir pour mieux exprimer
le « vouloir être performant ». « L’homme rond de l’État providence,
le bon vivant des banquets républicains, a cédé la place au corps
maigre et surentraîné de l’homme politique néolibéral. Comment
prêcher la rigueur avec un double menton ?
» On pourra reprocher
à Christian Salmon de se laisser emporter par son interprétation. Au
point de reléguer au rang « d’incident » l’accusation de viol portée
contre DSK par une femme de chambre d’un Sofitel. Ou de laisser
croire qu’il ne reste du mandat de Nicolas Sarkozy « qu’un album
photo
» – ce qui serait trop beau. Reste sa proposition finale : taxer
le mot « donc ». Sérieux ?

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