Propulsé par le buzz du titre youtube aux
accents misogynes « Sale Pute », Orelsan,
artiste disque d’or, entame la tournée de
présentation d’un dernier album mûrement
rappé. Dans Le Chant des Sirènes,
le jeune Normand chante le malaise d’une
génération « blasée » en quête de sens.
Regards.fr: À travers certains titres de l’album comme
« Suicide social », tu approches avec cynisme
des thématiques politiques, craches sur le
système, mais toujours avec un air blasé.
Avec le tableau sombre que tu dépeins pourquoi
tes paroles n’appellent pas à la révolte
ou l’engagement ?
Orelsan: J’écris sur les choses simples inspirées du quotidien,
de mes sentiments. Mes textes ne sont
pas politisés. Quand j’écris mes textes, je suis
dans un état d’esprit particulier, quand je chante
« Plus rien ne m’étonne » (titre de l’album ndlr),
je ne sais même pas si le quotidien que je
chante me choque ou si je suis résigné, je ne
suis pas psy. Mais ça reste de la fiction. Si je
suis porte-parole, c’est de moi-même.
Regards.fr: On te présente pourtant souvent comme le
représentant des jeunes générations issues
de la classe moyenne. Tu t’y retrouves ?
Orelsan: Ça me flatte si on trouve mes paroles suffisamment
bien écrites pour en retirer un discours.
Certains de ces jeunes se retrouvent dans mes
textes. Mais plus on me met dans une case et
plus j’essaie d’en sortir. Je suis forcément influencé
par mes origines sociales. Mes parents
travaillaient pour l’éducation nationale. Et quand
j’étais ado, en écoutant du rap – j’aimais bien
le côté rebelle – je me suis aussi construit en
opposition à mon environnement.
Regards.fr: Face aux accusations de sexisme et la censure
dont tu as fait l’objet avec le titre « Sale
pute » en 2009, tu défendais le caractère fictif
de tes chansons. La chanson est une forme
de prise de parole publique, et inclut donc
une certaine responsabilité, non ?
Orelsan: Je comprends que ça ait pu blesser et choquer
et je le regrette sincèrement. Avec la polémique,
j’ai fait exprès de disparaître quelques mois,
c’était un passage obligé. Mais j’ai évolué et
je n’aurais jamais écrit la chanson de la même
manière aujourd’hui, c’est clair. Après ça reste
une démarche artistique, et c’est le support qui
compte. Les gens qui écoutent mes albums
ne sont pas cons. Ce n’est pas parce qu’on
regarde Orange Mécanique qu’on va se mettre
à attaquer les gens avec un couteau en sortant
dans la rue.



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