A l’occasion de la présentation de ses voeux aux enseignants jeudi 5 janvier, Nicolas Sarkozy a défendu le bilan gouvernemental dans le domaine de l’éducation. Il a assumé toutes les réformes qui, depuis 5 ans, ont pourtant provoqué la colère et l’incompréhension d’un corps chez qui le sentiment d’être maltraité est croissant… comme l’a reconnu le chef de l’Etat! Morceaux choisis.
« Excellence, justice, unité ». C’est autour de ces trois axes que Nicolas Sarkozy a construit son discours de vœux aux personnels de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche prononcé jeudi 5 janvier au Futuroscope de Poitiers. Un discours durant lequel, à au moins deux reprises, le chef de l’Etat a admis explicitement que les enseignants français vivent aujourd’hui un profond malaise. « Partout où je porte mon regard, on me parle, à juste titre, d’une crise d’identité pour le monde enseignant », a-t-il ainsi avoué au début de son intervention qui a duré un peu moins de 40 minutes [[discours à visionner et/ou lire en intégralité sur le site de l’Elysée ]].
Et donc, réponse à cette « crise d’identité »? La défense acharnée d’un excellent bilan, bien sûr. Ou comment parler de:
– La réduction drastique des effectifs: « Nous avons ainsi beaucoup diminué le nombre, objectivement trop élevé, de professeurs qui n’étaient pas devant les élèves, et hommage soit rendu à Luc Chatel : 8000 postes d’enseignants qui avaient été recrutés en « surnombre » dans le premier degré » ;
– L’austérité, l’inévitable austérité: « je veux le réaffirmer aujourd’hui avec force et une certaine gravité : dans la situation financière qui est la nôtre, nous devons et nous pouvons, dans l’Éducation nationale comme dans les autres services, faire mieux avec les mêmes moyens. »; « Mais réfléchissez en tant que citoyens, si nous augmentons le nombre d’enseignants, est-ce que vous croyez que la société française aura les moyens de faire l’augmentation du nombre d’enseignants et la revalorisation des enseignants ? Personne ne peut croire une minute que cela sera possible. »;
– L’assèchement des organisations d’éducation populaire: « nous avons mis fin à des milliers de mises à disposition d’enseignants auprès d’associations diverses »;
– La mise en compétition (la désormais sacro sainte « autonomie ») des écoles: « Alors dès l’école primaire, il faut que se constituent de véritables équipes de professeurs, motivés et soudés autour du chef d’établissement. Je crois à la remarquable expérimentation baptisée « ECLAIR » par laquelle, dans les établissements les plus difficiles, les enseignants peuvent recruter leurs équipes pédagogiques. »
– La saloperie syndicale: « Je ne sais pas si vous vous rendez compte du bouleversement : le simple prononcé du mot « autonomie » suffisait à jeter dans la rue des milliers de gens, des dizaines de milliers de gens — parfaitement sincères et complètement manipulés. »
– L’évaluation des professeurs (avec, tiens tiens, une porte entrouverte au dialogue…): « (…) je ne vois rien de choquant à ce que l’on confie au chef d’établissement la responsabilité de cette évaluation, à condition que les compétences disciplinaires continuent à être évaluées par l’inspecteur. On peut discuter de toutes les modalités. »
Et tout à l’avenant, le Président de la République estimant, comme l’a résumé Le Monde du 6 janvier que « ce qui a marché pour le supérieur fonctionnera de la maternelle au bac ».
Tout en disant avoir connaissance, une deuxième fois donc, du profond malaise enseignant: « Je sais très bien que parmi vous beaucoup se disent “ il y a un côté déprimant, on fait tout ce que l’on peut et le système ne nous renvoie pas l’engagement qui est le nôtre ” , j’ai conscience de cette réalité, de cette lourdeur, de ces habitudes » a lancé Nicolas Sarkozy avant de conclure. En adressant à son public les vœux d’un homme à l’étrange lucidité compassionnelle, un peu impuissant et très obstiné dans l’erreur. Qui ressemblent à s’y méprendre à ceux d’un (futur) vaincu du printemps.



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