Une colère sourde gronde devant le traitement politique, judiciaire
et médiatique d’une actualité chargée. En cause : le « deux
poids, deux mesures » entre les franges dominantes de la société
et les catégories subalternes, qui anime les discours et les
actes. Cette colère, nous la partageons. Sur le terrain économique,
les gros continuent d’empocher pendant que les petits
sont mis au régime sec. Mais le déferlement des affaires rend le
tableau assommant. Les frais de bouche et les emplois fictifs ne
sont plus qu’un mauvais souvenir pour Jacques Chirac. Ayant
toujours réussi à retarder son procès, il en sort aujourd’hui sans
dommage. Impunité des puissants, voilà tout. Chirac a croqué la
pomme et nous sommes pris pour des poires. Quant à l’affaire
Karachi, elle devrait miner le pouvoir en place. Vente d’armes,
corruption, attentat : les enjeux sont sérieux. Nicolas Sarkozy lui-même
est inquiété, les témoignages semblent accablants. Mais
le chef de l’État trace sa route, comme s’il était évident qu’il allait
s’en sortir. Cynique, il insiste au même moment sur la fermeté
nécessaire contre les jeunes délinquants. Et Dominique Strauss-
Kahn ? Claire Chazal, amie d’Anne Sinclair, lui a déroulé le tapis
rouge sur TF1 pour une grande opération de communication
visant à cultiver son profil de victime. L’ex-patron du FMI a pu
brandir le rapport du procureur et lui faire dire des choses qu’il
ne dit pas, sans que la journaliste ne porte la moindre contradiction.
Un grand moment du système médiatico-politique tel qu’on
ne l’aime pas. Mais les ficelles étaient trop grosses : d’après un
sondage de TNS-Sofres, DSK n’a pas convaincu, puisque seuls
4 % des Français trouvent que son image s’est améliorée. Le
traitement dans la rubrique « Faits divers » de la moindre plainte
pour viol évoque le « violeur présumé », avant même que le procès
n’ait lieu. Mais « DSK n’est pas un quidam », comme disait
BHL. Au total, la démocratie est gravement malmenée. Et sans
ruptures majeures, la défiance à l’égard de ceux qui gouvernent
et l’abstention ne peuvent que prospérer.



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