En finir avec la gauche Prozac

Du tranchant, de l’audace, de l’enthousiasme… Il en faut à
gauche.

Pour qu’elle soit pugnace, utile, stimulante. La méthode Coué, quelques comprimés de Prozac et les vieilles recettes ne suffiront pas à surmonter la panne démocratique sévère. L’abstention record et la montée du FN, confirmées lors des élections cantonales, traduisent une crise profonde de légitimité des institutions et un divorce croissant entre le peuple et les élites.

Bouder les urnes ou suivre la vague « bleue Marine », c’est une façon de contester, d’exprimer une insatisfaction profonde. La politique, telle qu’elle se fait, telle qu’elle se raconte, laisse la libido citoyenne en berne. Ce qui la rend aujourd’hui sans odeur ni saveur, c’est ce sentiment oppressant que les marges de manoeuvre n’existent plus,
qu’il n’y a qu’un chemin. L’idée du gouvernement des meilleurs
s’est installée à la faveur de l’effacement des clivages et de l’atonie des idéaux comparativement à d’autres séquences historiques. Il faut passer le cap de la chute du mur de Berlin et du « burn out » du néolibéralisme. La contrainte, réelle et supposée, qui pèse pour l’heure sur les choix politiques, semble ruiner la politique elle-même. Elle a asséché le champ des possibles, assombri l’avenir, étouffé l’imagination.

Les retraites ? Une seule solution pour faire face à l’allongement de la vie, c’est d’augmenter la durée de cotisation.

Fermer le ban. La santé ? Pour renflouer le trou de la Sécu, il faut mettre à contribution les malades. L’avenir de

La Poste ? La privatisation, c’est le sens de l’Histoire. CQFD.

Taxer les profits ? Vous n’y pensez pas, les capitaux vont fuir ; ainsi va la globalisation.

Les plans de rigueur ? Evidemment qu’il en faut, les gouvernements de droite comme de gauche les mettent en oeuvre et le FMI veille au grain.

Bref. Cette pensée dominante est une machine à boucher l’horizon, à briser les rêves nécessaires pour transformer le réel. Halte à la déprime : réveillons l’envie de révolutions.