Au programme de « RTL Matin » : de l’info (petites phrases
et faits divers), des chroniqueurs stars (Zemmour, Aphatie,
Duhamel) et du rire à gogo, poil au dos.
Beatles ou Rolling Stones ? Thé ou
café ? RTL ou Radio France ? Un
inconditionnel de Mick Jagger regarde
avec une saine distance le
fan de John Lennon. L’accro à la caféine a une
méfiance atavique pour le buveur de flotte infusée.
De même, le fidèle auditeur de France Inter
et France Culture est pris de sueurs à l’idée
d’écouter RTL plus de 25 secondes. Mais voilà,
la vie du journaliste est ainsi faite. Il faut être
capable de s’appuyer sans gémir un spectacle
du subtil Jean-Marie Bigard, un nanard de Dany
Cht’i Boon ou des pages du productif Marc Levy,
l’auteur dont les livres rehaussent le niveau des
bibliothèques pourvu qu’ils soient placés sous
les pieds de ladite bibliothèque.
RTL, donc, en immersion totale, sans jamais se
faire un shoot de Patrick Cohen (France Inter),
sans la moindre goulée de Marc Kravetz (France
Culture), tel un Paul Emile Victor de la Matinale,
quinze jours durant à l’heure du café, entre
7 heures et 9 h 30. Reprenons. RTL est la radio
la plus populaire de France. Le matin, la tranche
la plus convoitée en radio, quatre millions d’auditeurs
y accrochent une oreille, devant France
Inter et loin devant Europe 1. Aux manettes depuis
2008, Vincent Parizot, longtemps présenté
comme « l’inconnu de la matinale », ce qui l’énervait
un peu. Mais force était de constater qu’il
était matinal… et inconnu, face à ses concurrents
d’alors, Nicolas Demorand (France Inter) ou
Marc-Olivier Fogiel (Europe 1). La concurrence a
valsé, mais lui est resté là, fidèle au poste, soldat
encore et toujours inconnu, au seul service de
l’info estampillée RTL.
Pipapabapaaaaaaa (jingle de Michel Legrand,
composé en 1964, on ne change pas une recette
qui marche). Parizot réveille la France en
binôme avec Odile Pouget. A la Une, les faits
divers s’enchaînent. Ce jour-là, l’événement,
c’est la tentative de suicide de Tony Meilhon,
le meurtrier présumé de Lætitia. On enchaîne
avec un suicide, réussi cette fois, à l’issue d’une
course-poursuite avec les gendarmes et on
termine avec un non-rebondissement dans la
disparition des petites Alessia et Livia. Place
à la politique, avec une succession de petites
phrases autour de Dominique Strauss-Kahn.
L’Egypte, enfin, avant « la victoire sans panache
du XV de France sur l’Irlande ».
C’était mieux avant
Après tout, l’Egypte a seulement débarqué son
président au cours d’une journée qui restera
dans les dates cruciales de son histoire moderne,
mais enfin, la petite phrase de Christian
Jacob contre DSK, ça a quand même plus de
gueule. L’angle du sujet de RTL est sans surprise.
Le reporter est avec les chrétiens coptes
du Caire, « partagés entre l’espoir de la démocratie
et l’inquiétude de voir les islamistes
prendre le pouvoir » (lire https://wp.muchomaas.com/monde/l-espoir-3-le-choc-des). Ainsi s’enchaîne
l’info sur RTL alors que les yeux piquent
encore. Derrière, la Saint-Valentin, se taillera une belle place dans la matinée, avec le témoignage
d’une femme qui a fait une mauvaise
rencontre sur Internet mais aussi celui d’un bon
vieux papi qui a rencontré sa chère et tendre
dans un bal du village, quand on vous disait que
c’était mieux avant.
A propos de rétroviseur, RTL, c’est l’antenne
d’Eric Zemmour. Car après l’info, les chroniqueurs
sont les vraies stars de la matinale
d’RTL. Dans cette expérience
d’auditeur un peu folle, ça
faisait plusieurs fois qu’on séchait
Zemmour. C’était l’heure
de la douche, le réveil n’avait
pas sonné… et puis une
chronique de Zemmour c’est
comme un film porno, t’en as
vu un, tu les as tous vu. Quelle que soit la situation,
on sait à peu près comment ça va finir :
7 h 15 tapantes, « Z comme Zemmour » : « Il faut
bouger, il faut changer, bouger avec une société
qui bouge, changer avec une société qui
change, c’est la rengaine qu’on entend depuis
des décennies. (…) La gauche appelle ce bougisme
“progrès”. (…) Pourquoi changer pour
changer ? Pourquoi ne pas faire l’éloge du
conservatisme ? »
Ce qu’il y a de mieux, chez Eric Zemmour, c’est
la durée de sa chronique : 3 minutes et 15 secondes
alors que ses camarades du matin, l’inusable
Alain Duhamel, le meilleur intervieweur de
France 2008 Jean-Michel Aphatie ou l’imitateur
Laurent Gerra sont dotés de trois fois plus. Alors
qu’approche l’élection présidentielle, la rubrique
médias de Regards se refuse à (mal)traiter les
papes de la petite phrase décortiquée que sont
Duhamel et Aphatie. L’humour
est cardinal sur RTL, c’est
quand même la chaîne historique
de Philippe Bouvard.
Tarte aux poils
Le matin, c’est Laurent Gerra
qui fait le job, tout en finesse.
Le 3 février, Gerra imite Valéry Giscard d’Estaing.
C’est la chandeleur, il fait des crêpes, les
fait sauter tout en faisant des voeux, attention le
gag arrive. « Je fais le voeu d’avoir le manche
aussi dur que celui de ma poêle, et les poils bien
accrochés au manche. » Ce qui amène naturellement
VGE à évoquer ses amours avec Lady
Di, qui préférait, nous comble Gerra, « la tarte
aux poils ». « Et pourtant, complète VGE, je peux
vous dire qu’elle était onctueuse et sans grumeaux
la pâte que je balançais dans le compotier
de la princesse. » Pouet pouet, la France se
réveille.




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