Onfray c’est du conditionnel ?
Quand vous lirez ces lignes, Onfray ne le sera plus trop : frais. Son livre sur Freud m’a rappelé ces images de Bagdad, à la fin de la guerre – enfin, ce qu’on pensait être à l’époque la fin de la guerre :, lorsque les Américains mirent à bas la statue de Saddam Hussein. Le Satan d’Onfray, c’est Freud, juif intéressé par l’argent (le prix de ses séances, mein Gott !), antisémite, fasciste (il a dédicacé un livre à cet enfoiré de Mussolini), philosophe et écrivain raté (cela dit, on en connaît d’autres), obsédé sexuel (même remarque). Pour ce cassage de gueule, cet étripage à la mode de Caen, qui fait souvent songer, par son érudition, sa manière prudente de manier ses sources, son sens de la nuance, à la longue enquête que le magazine Marianne consacrait il y a peu au philosophe Alain Badiou, Onfray dit avoir relu Freud « dans l’ordre ». En revanche, il avoue bien volontiers ne rien connaître à Lacan. En cela, il fait penser à l’Autodidacte de La Nausée de Sartre qui lit l’encyclopédie dans l’ordre alphabétique et qui, lorsqu’on lui demande s’il est socialiste, répond qu’il n’en est qu’à la lettre « M ».
Tout cela, évidemment, serait sans aucune gravité si Onfray, devenu « l’idole des gens », n’était politiquement de notre bord, à la gauche de la gauche de la gauche, et l’un de ces « grands électeurs » français, dont on connaît par avance le vote : Besancenot aux dernières présidentielles, Mélenchon aux dernières régionales. Eh oui, que voulez-vous… Onfray, cela reste du conditionnel.
Une Italie comme on l’a pensée de Rossellini à Duras
Si toutefois jamais, la gauche de la gauche de la gauche remettait un prix littéraire, disons celui du meilleur roman politique, en ce cas j’indiquerais clairement que je voterais, dans la catégorie « étranger » pour « Ça change quoi » de Roberto Ferrucci. Un bandeau du plus beau rouge libère notre œil de son titre relativiste, et qui l’est d’autant plus, par son absence notable de point d’interrogation, laquelle fait que le titre semble danser sur un fil. Ce qu’il y a écrit sur le bandeau, lui, en revanche, ne danse pas, c’est : « Gênes, G8, été 2001 ». On s’en souvient tous. Comme de Seattle. Ce sont nos « Little Big Horn » à nous. Ils donneront toute la puissance du « non » de 2005. Et par retour à l’envoyeur, dans un smash terrible, digne d’un scénario du « Stade de Wimbledon », ils donneront également ensuite toute la violence de la crise économique, cette politique obsidionale des riches. Roberto Ferrucci revient, dans tous les sens du terme, sur ce G8 de Gênes. Est-ce un roman, est-ce un document historique ? La frontière est floue, mais comme le remarque Antonio Tabucchi dans une préface terrible, « je ne sais pas si l’auteur était présent sur les lieux (peut-être que oui) mais ce serait comme exiger que Stendhal ait été présent à la bataille de Waterloo ». Il s’agit moins ici de comprendre la bataille du G8 de Gênes (un mort, pour mémoire) que d’en être, comme Fabrice Del Dongo, le témoin incompréhensible. Car c’est moins le témoignage qui est incompréhensible, que le témoin, en l’occurrence. Pourquoi témoigne-t-il après toutes ces années de silence ? Celui qui dit « Je » dans le roman de Ferrucci n’est pas un héros : quand cela pète vraiment à Gênes, il se trouve à Turin en train d’assister à un concert de U2. C’est le plus beau moment du livre, son plus rossellinien. Un moment où l’on s’intéresse à la forme d’humanisme compliqué que nous avons créée, et que nous défendons aussi. Un commerce de l’émotion qui pourrait très bien ne pas sous-tendre tout le reste du pire. Tabucchi a sans doute raison de dire que le G8 de Gênes a été pour le gouvernement italien une expérience « live » de pur totalitarisme à la Pinochet. Mais le « roman » de Roberto Ferrucci, et c’est sa beauté, est moins explicite que cela.
« Le Capital » pour les plus que nuls
Un mot de l’nitiative des éditions Demopolis, qui proposent aujourd’hui une traduction althussérienne du Capital de Marx. Althusser, l’un des meilleurs exégètes de Marx, assurait publiquement qu’il était « impérieux » de commencer sa (première, seule, unique…) lecture du Capital (4?000 pages au bas mot) à partir du chapitre 4. D’où, pour commencer, un petit livre, peu intimidant, de 140 pages, préfacé par Gérard Mordillat, intitulé Qu’est-ce que le capitalisme (sans point d’interrogation, décidément c’est une manie) et sous-titré : Volume 1 : Les mystères de la plus-value. Une traduction modernisée, actualisée – un très joli boulot qui donne à la lecture une sensation majeure : soudain, Marx est limpide.s de la plus-value. Une traduction modernisée, actualisée – un très joli boulot qui donne à la lecture une sensation majeure : soudain, Marx est limpide.-value. Une traduction modernisée, actualisée – un très joli boulot qui donne à la lecture une sensation majeure : soudain, Marx esnsation majeure : soudain, Marx esnsation majeur
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