Editorial du prochain Rouge et Vert
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Le samedi 28 mars, les Alternatifs ont décidé de ne pas participer à aucune liste aux élections européennes en raison de l’impossibilité de réaliser un front large de la gauche anticapitaliste/antilibérale. Ce choix est intervenu après plusieurs semaines de rencontres avec les partenaires de notre mouvement, le NPA d’une part, le Parti de Gauche puis le Front de Gauche d’autre part. Deux consultations des adhérent-e-s ont permis une prise de décision collective après un débat large au sein du mouvement. Les termes de ce débat renvoient à des aspirations et préoccupations qui dépassent très largement les rangs des Alternatifs.
Première remarque : les discussions avec nos partenaires politiques ont manifesté des convergences importantes sur les contenus d’une campagne commune, tant en terme de réponse aux exigences sociales, écologiques, démocratique de la période, que de propositions pour une alternative au niveau européen.
Par ailleurs, les propositions faites aux Alternatifs en terme de composition des listes comme de conduite de la campagne témoignaient de la considération portée à la présence de notre organisation.
Ces éléments nous conduisent à souhaiter faire perdurer, et aboutir dans l’avenir, la démarche de rassemblement qui n’a pu se réaliser aujourd’hui. Nous souhaitons notamment que l’université d’été des Alternatifs soit l’occasion d’échanges publics avec les autres organisations politiques du camp anticapitaliste/antilibéral.
Pour revenir au débat, celui ci s’est organisé autour de trois positions.
La première (position A), considérant la nécessité première d’une présence unitaire des antilibéraux aux élections européennes, analysait la constitution du Front de Gauche autour du PCF et du PG, comme l’ébauche d’un cadre unitaire conséquent et pouvant s’ouvrir, la participation des Alternatifs à ce Front partiel pouvant en accroitre la dynamique. A contrario,l’attitude du NPA, quelle que puisse être la légitimité de sa méfiance à l’encontre de possibles renversements tactiques aux régionales, constituait un facteur de blocage du processus unitaire au nom d’une volonté hégémoniste.
La seconde (position B), partant de l’analyse d’un nouveau cycle de mobilisations sociales et de radicalisation politique, faisait le pari d’une inscription dans cette situation nouvelle sur la base d’un partenariat avec le NPA, en prenant notamment acte de la possibilité d’une campagne rouge et verte, le Front de Gauche n’étant pas considéré comme en capacité de capter et exprimer la radicalisation sociale et politique et restant marqué par l’attitude ambigüe de certains de ses secteurs vis à vis du PS.
La troisième (position C) donnait la priorité à une construction unitaire d’ensemble, non réalisée à ce stade, insistait sur la nécessité de ne pas subordonner des éléments fondamentaux du projet écolo-alternatif aux alliances avec le Front de Gauche et le NPA, et insistait sur le risque de tensions fortes au sein de la Fédération des gauches alternatives en cas de participation des Alternatifs à une alliance partielle.
Un premier vote des adhérent-e-s, conclu le 22 mars, placait la position C légèrement en tête (35%), les positions A (30%) et B (31%) arrivant presque à égalité. Un second vote devant permettre de trancher entre les positions B et C a vu le débat se polariser davantage sur la présence des Alternatifs dans la bataille politique pour les élections européennes. Il s’est conclu, le 28 mars, par l’adoption de la position C (55%), la position B obtenant 41% des suffrages.
Chacun-e peut constater que la bataille pour l’unité des anticapitalistes/antilibéraux, si elle interpelle des secteurs militants large, n’est pas perçue à une échelle de masse dans une conjoncture marquée par la dureté de la crise, l’aiguisement des conflits sociaux, et la tentation manipulatrice, répressive et autoritaire du sarkozysme. Elle n’en reste pas moins moins un axe fort de la démarche des Alternatifs. Elle doit être : – large, par la convergence des organisations anticapitalistes, antilibérales, écologistes radicales, et par l’articulation de ce front avec diverses formes d’auto-organisation sociale et politique; – productrice de projet et d’alternatives concrètes, pour passer de la révolte à l’Alternative sociale, écologiste, autogestionnaire, féministe; – durable, pour combattre la droite, casser l’hégémonie du PS à gauche, être utile aux mobilisations. Le chemin est, décidément, long, le combat continue.
Jean-Jacques Boislaroussie
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