À l’approche du Congrès du Parti Communiste qui doit se tenir du 11 au 14 décembre à Paris, la diversité des points de vue n’est manifestement pas la bienvenue. Purge, évincement, conflit… Les termes qui circulent pour qualifier la préparation de ce Congrès ne manquent pas. Tout a apparemment été fait pour empêcher les représentant des courants d’opposition d’accéder à la future direction du Parti. Y compris des membres sortants du Conseil national (CN), comme Dominique Grador, membre du CN depuis 18 ans et chargée des élections depuis le dernier Congrès, des personnalités éminentes du PCF telles Gilles Alfonsi, Roger Martelli, Pierre Zarka, Gérald Briant, ou encore les amis de Jean-Claude Gayssot. Tous ont en commun d’être dans les courants des refondateurs ou des Communistes unitaires et d’avoir été mis en incapacité d’intégrer le prochain CN.
Alors que la diversité des idées politiques était plutôt appréhendée positivement avec la formation depuis une quinzaine d’année de courants refondateurs, ces sensibilités internes semblent être devenues indésirables pour la direction. Tout a débuté expressément lors des débats préalables à la préparation du Congrès, commencés en novembre dernier. Selon Gilles Alfonsi, « la direction du PC refusant de jouer le jeu de la diversité, les dés étaient pipés dès le départ » . Celle-ci aurait ainsi propagé l’idée selon laquelle « la diversité amènerait à la cacophonie et serait le problème du PCF » tandis que « le respect de la ligne orthodoxe serait un gage de stabilité » , poursuit-il. Ce qui peut en effet expliquer le passage à la trappe de nombreuses contributions collectives qui proposaient d’autres stratégies politiques pour préparer le Congrès.
En outre, cette remise en cause de l’opposition se serait également traduite dans les Conseils fédéraux où « régnait une ambiance très conflictuelle, voire violente » , regrette Gilles Alfonsi. Pour lui, les consignes étaient claires : « éviter les candidatures qui sortent du rang et éviter le débat » . La commission de transparence du 1er décembre, présidée par Marie-George Buffet, a ensuite procédé, selon les termes de Gilles Alfonsi, à un « laminage intégral des Communistes unitaires » , soit l’éviction, pour la désignation de la future direction, de toutes les candidatures qui sortaient de la ligne. Seul « rescapé » , Patrick Braouezec, membre des Communistes unitaires, député et Président de Plaine Commune, a « refusé de servir de caution » à l’actuelle direction en retirant sa candidature, précise Gilles Alfonsi. Le 7 décembre, la direction a ensuite achevé son « entreprise conservatrice » lors du dernier Conseil fédéral en Seine Saint-Denis, en excluant toutes propositions émanant des courants d’opposition. Dans ce climat d’hostilité, le Congrès s’annonce tendu. Avec, comme l’affirme Gilles Alfonsi, ce « double mouvement » interne et ce risque d’affrontement entre « la ligne des conservateurs et le mouvement transformateur » . L’incertitude se situe également dans la capacité du PCF à faire l’impasse sur les débats suscités malgré tout par ce pôle de transformation et à se passer de tels éléments de la vie politique dans un moment plutôt délicat. D’autant plus qu’au même moment, de nombreuses initiatives de refondation à gauche se mettent en place (lire «Vers une fédération » http: lot49.fr/article/?id=3647).
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