Les droits de l’homme à l’honneur

Créé par l’association Alliance, le Festival international du film des droits de l’homme (FIFDH) se déroule à Paris du 25 mars au 1er avril 2008 au cinéma Action Christine Odéon.

C’est la manifestation culturelle sur les droits humains la plus importante en France. Parrainée cette année par l’acteur Charles Berling, cette 6è édition, soutenue par la mairie de Paris et la région Ile-de-France, propose une sélection internationale de 32 nouveaux films documentaires souvent inédits. « Notre vocation est de sensibiliser par l’image et d’informer le grand public, ainsi que les publics scolaires et le monde universitaire, aux problématiques de la défense et de la promotion des droits de l’homme dans le monde, explique Vincent Mercier, fondateur, directeur et programmateur artistique du festival. A l’issue de chaque projection se tient une rencontre-débat avec le réalisateur ou des intervenants spécialisés sur le thème du film. Il peut s’agir de responsable d’ONG, d’universitaires ou de journalistes ». Par ailleurs, le FIFDH de paris fait partie du Human Rights Film network qui regroupe près d’une vingtaine de festivals de films des droits de l’homme dans le monde.

Susciter une réflexion

Lieu de rencontre, le FIFDH constitue avant tout un espace de dialogue entre les professionnels et le public. Il s’adresse à tous en présentant un panorama de films choisis pour leur qualité cinématographique et leur capacité à susciter une réflexion chez le spectateur. Les documentaire sont ainsi classés en deux catégories : les documentaires de création qui regroupent des oeuvres plus personnelles avec une écriture singulière, et les documentaires de type dossier et grands reportage qui récompensent la qualité du travail journalistique. Un Grand prix et un Prix spécial sont attribués dans chaque catégorie. Chaque jury est composé de personnalités reconnues dans les domaines de l’audiovisuel et de la défense des droits humains. Un troisième jury, composé d’étudiants, remet le Prix des étudiants.

Remise des prix :

Catégorie dossier et reportage :

Grand prix : « War made easy : la guerre pour les nuls » de Loretta Alper & Jeremy Earp

Prix spécial : « Chasseur de dictateur » de Klaartje Quirijns

Catégorie documentaire de création :

Grand prix : « Ma vie dedans » de Lucia Gaja

Prix spécial : « Mourir à Jérusalem » de Hilla Medalia

Prix du jury étudiant : « Des monstres qui dorment » de Markus CM Schmidt et Jan Bernotat

Entretien audio :

Pour écouter l’interview de Vincent Mercier, fondateur, directeur et programmateur artistique du FIFDH , cliquer sur arlettelaguiller.mp3

Pour prendre connaissance du programme du festival, cliquer sur http://www.festival-droitsdelhomme.org/

Sélection de films :

RESF : UN RÉSEAU DE RÉSISTANCES

Agathe Dreyfus, Christine Gabory et Ivora Cusack, France, 2007, 25 min

Synopsis : Projection d’un des documentaires d’une série de cinq films d’actualités réalisés en 2006/2007 autour du RESF 13 (Réseau Éducation Sans Frontières, Bouches-du-Rhône). Créé en 2004, le Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) se bat principalement pour la régularisation des familles sans papiers d’enfants scolarisés. Le réseau est particulièrement actif depuis juin 2006, date de la publication de la circulaire de Nicolas Sarkozy sur la régularisation des familles sans papiers. Les cinq films qui composent la série RESF: des réseaux de résistances ont été réalisés à Marseille de novembre 2006 à avril 2007, période pendant laquelle le collectif a suivi des militants sur différentes actions ou initiatives: mobilisations anti-expulsions, parrainages…. Ces films d’actualités, entre documentaires et reportages, s’inscrivent dans une envie plus large de rendre compte d’évènements ou de phénomènes peu ou sommairement relayés par les médias dominants.

Pour écouter l’interview d’Agathe Dreyfus, coréalisatrice de RESF : un réseau de résistance et membre du collectif 360 degrés , cliquer sur mercier-2.mp3

L’ASSIETTE SALE

Denys Piningre, France et Maroc, 2007, 80 minutes

Synopsis : Chaque année, le département des Bouches-du-Rhône accueille 5000 ouvriers agricoles saisonniers étrangers. Sans eux, l’agriculture dans ce département n’existerait pas. Les conditions de travail, de logement et les salaires qui leur sont imposés sont, dans de très nombreux cas, indignes. Il suffit de rappeler qu’aucun droit à l’ancienneté ne leur est accordé, quand certains viennent en France depuis 30 ans, que leur couverture sociale s’arrête à nos frontières alors que certains traitements chimiques dans les plantations provoquent des maladies «à retardement», cancers ou Parkinson… et la liste est encore longue.
Le film décrit cette situation et remonte les mécanismes qui l’engendrent. Au passage, il fustige l’agriculture intensive, ses excès et les dangers qu’elle suscite, pour aboutir à la description des méthodes de la grande distribution. La quasi-totalité du marché des fruits et légumes est concentrée entre les mains de six centrales d’achat, qui disposent ainsi de tous les moyens de pression sur les producteurs français et étrangers pour obtenir des prix toujours plus bas, et s’allouer des marges toujours plus élevées… Devons nous subir sans rien dire et accepter qu’à nos portes se pratique une forme moderne de servage? Et nous rendre malades à force d’ingurgiter les résidus de fongicides, pesticides, engrais chimiques, tandis que la terre se gorge de ces produits qui se retrouvent ensuite dans la nappe phréatique? Est-ce une fatalité?
Le film montre qu’au contraire, d’autres formes d’agriculture existent, qu’elles permettent la pérennisation d’exploitations viables, à taille humaine, et souvent un mode de relation directe entre le producteur et le consommateur. Opter pour une autre forme de consommation, refuser de manger des tomates «hors-sol» en hiver, et retrouver le goût des produits naturels, fruits et légumes de saison cueillis mûs et distribués immédiatement, c’est à la fois garantir une vie plus saine à nos enfants et manifester son désaccord vis-à-vis des catastrophes engendrées par le libre-échange qui ne profite qu’à une poignée de privilégiés et empoisonne le reste du monde.

Pour écouter l’interview de Denys Piningre, réalisateur de l’assiette sale , cliquer sur dreyfus.mp3

IRAK : AGONIE D’UNE NATION

Paul Moreira, France, 2007, 52 mn

Synopsis : Enquêter en Irak est devenu presque impossible. Entre les attentats islamistes et les prises d’otages de plus en plus nombreuses, le danger est tel que les journalistes sont obligés de s’en remettre le plus souvent aux forces américaines pour leurs déplacements. Ce journalisme «incorporé» échoue à rendre compte de ce qui se passe vraiment au cœur du pays.

Quels sont les acteurs et les responsables de la guerre civile qui déchire le pays? Comment vivent les Irakiens dans leur quotidien? Comment meurent-ils? Les chiffres officiels parlent de 50 000 morts mais une étude statistique de l’université John Hopkins arrive au chiffre effroyable de 650 000 victimes depuis le début de l’invasion américaine. Chiites, Sunnites et Kurdes ne cessent de s’entre-tuer.

Où est la vérité? L’Irak est devenu un trou noir de l’actualité mondiale. Un trou noir paradoxal dont on nous parle tous les soirs au journal télévisé, bilan macabre, chiffre abstrait des cadavres ramassés chaque matin, mais sur lesquels on ne sait rien. Qui tue qui? Les terroristes islamistes sont-ils les seuls à massacrer les civils irakiens? Pourquoi la police semble-t-elle incapable de faire régner l’ordre? Que font les Américains ?

Au plus fort du conflit qui déchire l’Irak, Paul Moreira est allé mener l’enquête sur les racines de la guerre civile et sur la lente agonie d’une nation. Comprendre pourquoi, pour les Irakiens, la police est devenue synonyme de menace. Pourquoi certains cadavres qu’on ramasse le matin dans Bagdad portent des menottes de police toutes neuves aux poignets. Au cœur des services secrets et des forces spéciales, nous avons découvert que les milices des partis politiques se livrent une guerre privée dont la population fait les frais. Il n’y a virtuellement plus d’Etat. Des hommes en uniforme enlèvent des dizaines de civils jusque dans le cœur des ministères et les emportent dans des voitures de police.

Il s’agit la plupart du temps de milices chiites. Elles ont été installées au sein des forces de l’ordre, en 2004, avec l’assentiment des Américains. Les milices terrorisent la population civile sunnite, suspectée de soutenir l’insurrection sunnite.

Une méthode qui n’a fait que nourrir la guerre civile interconfessionnelle mais qui a été avalisée, voire encouragée, par certains stratèges militaires de Washington. Elle portait un nom de code: l’option Salvador, en référence à un pays d’Amérique centrale où la guérilla de gauche avait été vaincue dans les années 80 au prix de massacres massifs de civils. Nous avons retrouvé en Irak un officier américain qui avait formé les escadrons de la mort au Salvador. Désormais, il entraîne les commandos de la police irakienne…

Pour écouter l’interview de Jacques Beres, chirurgien de guerre à Médecins du monde , cliquer sur piningre.mp3

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