Michel Husson : «il y a une bataille idéologique à mener»

Michel Husson récuse l’idée selon laquelle, à gauche, il n’y avait pas de projet politique. Selon lui, concernant la gauche anti-libérale, « les 125 propositions formaient certes un ensemble inachevé, mais portaient tout de même une cohérence de rupture radicale ». Mais celle-ci « a été cassée par l’incohérence au niveau de la représentation politique ». Le problème est peut-être davantage de ne pas avoir su les rendre audibles. Mais en général, c’est d’après lui « les contradictions sociales de lutte des classes, du rapport capital-travail qui n’ont pas été assez portées clairement à gauche ». Egalement, la gauche socialiste représentée par Royal ne répondait pas à la nécessité d’une alternative aux politiques sociales-libérales, une partie de ses postulats étant communs avec la droite. Il y a vraiment « une bataille idéologique à mener » pour persuader la population qu’il est possible d’imposer de nouveaux droits, et pas seulement de refuser les attaques contre les acquis sociaux existants. Il faut « renouveler le discours autour de la revendication de droits effectifs, du droit à la santé, au logement, etc, et regarder les politiques qui permettraient effectivement de garantir ces droits ». Là-dessus, il y a donc un gros travail à fournir, compte tenu de la façon dont ont été appliquées les 35 heures ou face à la loi sur le droit au logement opposable. Il est aussi nécessaire de débattre sur les deux axes qui tiraillent la gauche, à savoir : si d’une part c’est par la croissance ou la réduction du temps de travail qu’on arrivera à réduire le chômage, et d’autre part, sur la stratégie de sortie à adopter face à l’Europe libérale, entre une tendance souverainiste et internationaliste. Car le manque de projet et de coordination au niveau européen est selon lui l’une des grandes faiblesses de la gauche, un reflet de son inertie sur certains domaines. Il reste également très pessimiste sur le fractionnement croissant qui existe entre le mouvement social et les formes de représentations politiques, avec une césure totale qui se produit au moment des élections, ce manque de lien est aussi l’une des raisons de la faiblesse actuelle de la gauche. La faute en partie au système électoral, qui fait qu’il y a une « disjonction de plus en plus importante entre ce que l’on fait sur le terrain militant et ceux pour qui l’on vote ».

Pour écouter l’interview de Michel Husson :

Son site personnel : http://hussonet.free.fr/

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