Annick Coupé : « La gauche doit retravailler la question de la transformation sociale »

Pour mieux comprendre l’échec de la gauche aux récentes échéances électorales, Annick Coupé (1) remonte aux déconvenues de l’expérience mitterrandienne et à l’effondrement du bloc soviétique qui ont tétanisé les camps socialistes et communistes. Depuis, la gauche ne s’est pas donné les moyens de « retravailler différemment la question d’une transformation sociale, soutient la porte-parole de l’Union syndicale Solidaires. Incapable de porter un nouveau projet émancipateur incluant exercice de la démocratie et partage des richesses, la gauche n’a pas proposé d’alternative claire aux politiques néolibérales imposées par la droite ».

Lorsqu’elle a été aux commandes de l’Etat, la gauche plurielle a adopté une logique globale de politique sociale-libérale. « A défaut de changer radicalement le rapport entre le capital et le travail, le gouvernement Jospin a accompagné plus ou moins socialement, selon Annick Coupé, l’explosion du libéralisme économique sans s’y confronter réellement ». Sa participation aux politiques de privatisation des services publics et son apathie face aux restructurations d’entreprises et délocalisations diverses ont achevé de décevoir les classes populaires.

Acculée par « un libéralisme financier aujourd’hui mondialisé, l’existence d’institutions illégitimes comme le G8 et le rouleau compresseur idéologique Sarkozy, la gauche au sens large (partis, syndicats, associations, collectifs, ONG…) doit apporter des réponses collectives aux problèmes notamment du chômage et de la précarité. Combiner sphère sociale et environnementale. Imaginer de nouveaux outils de solidarité et de convergence des luttes. Poser les conditions d’un vrai débat démocratique quant aux choix de société qu’il nous reste », confirme Annick Coupé. Quitte à employer la manière forte à l’instar des mouvements sociaux de 95, des altermondialistes ou des collectifs antilibéraux du 29 mai 2005. Le chantier reste ouvert

Interview audio

Pour écouter un résumé de l’entretien avec Annick Coupé , cliquer sur

(1) Annick Coupé est porte-parole depuis 2001 de l’Union syndicale Solidaires (ancien « Groupe des Dix ») qui rassemble aujourd’hui une quarantaine d’organisations nationales dont les syndicats de SUD. Elle a contribué à la réussite des forums sociaux européens en participant notamment au secrétariat du forum de Paris Saint Denis en 2003. Elle a également signé l’Appel des 200 pour le rejet du projet de constitution européenne au référendum du 29 mai 2005. Bibliographie : « L’Acharnement », ouvrage collectif (Syllepse) paru en 1993, et « Syndicalement incorrect ! » SUD, ouvrage collectif (Syllepse) réalisé en 1999

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