Yves Sintomer : « La gauche s’est repliée sur la défense des acquis sociaux »

Quel diagnostic de la santé de la gauche française peut-on établir au lendemain d’un échec électoral aussi cuisant ? Pour le sociologue Yves Sintomer (1), les raisons de cette nouvelle défaite sont multiples. Premier constat : le programme politique du gouvernement Mitterrand était, selon lui, « en décalage avec la situation économique et internationale de la France ». Et la tendance s’est accentuée depuis la chute du Mur de Berlin. A l’inverse, avec l’arrivée au pouvoir de Jospin en 1997, la gauche a cédé à « la tentation du reniement en s’adaptant à la mondialisation néolibérale en marche ». Coupable également de s’être « crispée sur une défense traditionnelle des acquis sociaux sans proposer de perspectives crédibles ».

Et Yves Sintomer de déplorer « une absence de réflexion forte ces vingt dernières années autour d’un vrai modèle alternatif, du moins un manque de recherche de nouveaux compromis sociaux plus en phase avec la société actuelle ». Autrement dit, la volonté de maintenir un certain statu quo a contraint la gauche à livrer « un catalogue de mesures sociales-libérales restreignant la portée de l’Etat providence ». Sans imagination, en effet, difficile de faire rêver les électeurs.

Handicapée par « un problème général de leadership dû à des rivalités interpersonnelles », la gauche a plus que jamais « besoin de rénover l’ensemble de ses cultures, certifie Yves Sintomer, repenser ses formes organisationnelles, ses stratégies d’alliance et d’opposition, renouveler en profondeur son personnel politique ». Vaste programme.

Interview audio

Pour écouter un résumé de l’entretien avec Yves Sintomer , cliquer sur sintomer.mp3

(1) Yves Sintomer est professeur de sociologie dans le département de science politique de l’Université de Paris 8. Depuis septembre 2003, il est chercheur à l’UMR Culture et Sociétés Urbaines (CSU), à l’IRESCO et au CNRS. Il collabore notamment à la revue Mouvements avec les Editions La Découverte. Ses trois principaux thèmes de recherches actuels sont : « Vers une théorie de la démocratie délibérative », « Enquête comparative internationale sur la gestion de proximité, la modernisation de l’Etat et la démocratie participative », « Vie privée et rapports de pouvoirs dans les sociétés contemporaines ».

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