Roger Martelli : « La Gauche doit trancher avec le social-libéralisme »

La naissance du clivage Gauche/Droite remonte à la Révolution française. Regroupés à la droite du président de l’Assemblée constituante de 1789, les partisans de l’absolutisme royal s’opposaient alors aux partisans d’une révolution des institutions, classés eux à gauche du président. Conservatisme d’un côté, réformisme de l’autre, « les terrains d’affrontement entre les deux camps n’ont jamais cessé d’évoluer dans le temps », rappelle l’historien Roger Martelli. Certains thèmes ont ainsi changé d’appartenance. En 1870, la colonisation était prônée par une partie de la Gauche qui la considérait comme un devoir d’aide aux populations. En 1960, cette prise de position a basculé à droite. Depuis les années 80, Gauche et Droite semblent se distinguer par consensus sur la devise nationale : la Droite met l’accent sur la liberté économique, la Gauche sur l’égalité sociale.

Partisan d’une économie de marché

Mais avec la percée du candidat centriste Bayrou, cette bipolarisation de l’espace politique correspond-elle encore aujourd’hui à une réalité ? Pour Roger Martelli, « la position hégémonique d’un parti socialiste hésitant entre social-démocratie et social-libéralisme, l’affaiblissement considérable du parti communiste et la division interne de la gauche anti-libérale ont effectivement contribué à l’émergence d’une forme de leadership centriste ». Dans ce contexte, le concept à géométrie variable de la Gauche et de la Droite « reprendra son sens à condition que la Gauche définisse les contours d’un projet de société qui tranche avec la politique de ces vingt dernières années ». Et de déplorer un gouvernement Jospin partisan d’une économie de marché : « En appliquant les règles de l’économie capitaliste, il ne pouvait pas empêcher la marchandisation de la société et le démantèlement du service public qui en découle ». Pour que le clivage Gauche/Droite conserve sa pertinence, il est donc indispensable de tirer les leçons de l’échec de la gauche plurielle.

Entretien audio avec Roger Martelli :

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