M., sans-papiers, occupant en lutte

En 2000, M., « artisan réparateur en électronique » intallé dans la région d’Oran, a vendu son local et son matériel pour venir en France, laissant sa femme au pays. Il dit avoir voulu s’éloigner des « problèmes de terrorisme » qui agitaient l’Algérie. Une fois à Marseille, son visa de tourisme arrivé à terme, il a déposé une demande d’asile, et cumulé quelques « récepissés » administratifs. Après sept mois dans un hôtel, il s’est installé chez une cousine. Six ans plus tard, son dossier de régularisation attend toujours et M., sans-papiers, 40 ans, n’envisage pas de repartir en Algérie. « J’ai vendu tout ce que j’avais là-bas. Ma vie est ici maintenant. Cela fait six ans que je suis là, je me suis fait des amis… Les enfants, surtout, sont bien à Marseille, et ce serait vraiment dur pour eux si l’on devait retourner là-bas. » Les enfants, il y en a quatre, âgés de 5 ans à 3 mois. Sa femme l’a rejoint en 2002, avec les deux premiers. Les deux suivants sont nés à Marseille. L’aîné, timide, dans les jambes de son père, va à l’école, deuxième année de maternelle : « Il parle très bien le français », assure fièrement son père, accent du bled plein la bouche.

M. travaille parfois comme électricien : son métier initial, et s’est aussi formé, sur le tas et sur le tard, « à la peinture en bâtiment » chez l’un de ses patrons. Bien que « diplômée du bac et professeur d’arabe avec dix ans d’expérience », sa femme, elle, ne travaille plus depuis son arrivée en France. Lui doit parfois se contenter de gagner « 35 ou 40 euros la journée » mais il lui est arrivé de toucher « jusqu’à 100 euros par jour ». Certains patrons, étonnés de le découvrir sans-papiers, lui ont promis de l’aide, assure-t-il. Mais M. croit plus aux vertus de l’action collective : « Il y a déjà deux ans que j’ai déposé mon dossier chez Aminata », dans les mains du CSP 13 qui porte et organise la lutte. Il participe à l’occupation depuis le début, est parfois venu dormir sur place. Mais au troisième étage occupé de la MDE « les nuits sont courtes »… Il a les traits tirés, les yeux cernés. « On est fatigué d’être ici, c’est long… Mais il faut qu’on soit régularisés. »

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