On n’a même pas commencé à tirer les leçons du référendum que déjà on s’agite un peu partout en vue de la présidentielle de 2007. Si, pour la droite parlementaire, les choses sont plus ou moins claires : on devrait compter deux ou trois candidats, Sarkozy en tête :, la gauche, elle, ne sait plus où regarder tant les intentions de candidatures se multiplient. Au delà des soubresauts internes au PS qui ne nous intéressent pas : on sait quelle confiance on peut faire à ce parti :, la question est bien plus cruciale dans le camp du « non ». Depuis juin, les réunions s’enchaînent entre les acteurs du « non » de gauche, sans que grand-chose n’en sorte, hormis peut-être, et c’est dejà pas mal, une reprise du dialogue. De l’autre côté, José Bové avance son projet de candidature, pensé hors des partis de gauche mais à qui on proposerait de s’y associer. Mais comment y voir clair, à deux ans des échéances, alors qu’il nous manque une pièce essentielle au puzzle : un programme de gauche digne de ce nom ? Personnellement, peu importe de savoir actuellement qui de tous ces hommes et ces : seulement : quelques femmes, seraient à même de me représenter. La question est de savoir si une candidature commune à plusieurs partis et construite sur un certain nombre des revendications des mouvements sociaux est crédible, de par le programme qu’elle défenderait. Ne soyons pas naïfs : une candidature unique à gauche du PS a peu de chance de l’emporter (qu’on arrête de nous promettre les grands soirs si fréquemment) face à la droite, ni de faire mieux que les socialistes (le poids du vote utile risque en effet de faire mal). Mais son existence pourrait jouer un rôle non négligeable face aux candiatures plus classiques. La bonne affaire, une candidature unique, si c’est pour défendre une coquille vide ! Il ne suffit plus de nous balancer à tout bout de champ qu’on doit se battre contre le libéralisme, avec des discours simplistes et réducteurs. Quand les acteurs du camp du « non » se décideront-ils à ouvrir les débats sur le fond ? Les retrouvailles sur le dos du référendum ont eu le mérite de créer une ébauche de dialogue transversal. Mais sont-ils prêts ou ont-ils l’envie de se mettre d’accord sur des points essentiels : quelle réforme pour l’indemnisation du chômage et le respect du droit du travail ? quel plan national pour le logement ? comment sortir définitivement de la précarité ? quelle politique d’éducation pour les vingt ans à venir ? quelle politique culturelle de gauche ? que faire pour inverser l’inégalité des sexes que nous subissons constament ? De tout cela, nous sommes certainement nombreux à vouloir en débattre. Il faudrait seulement savoir si les partis institués sont prêts à tenter ce pari. Les derniers discours entendus ici ou là durant les universités d’été ont plutôt livré un autre son de cloche. Personne ne semble vouloir abandonner l’opportunité d’une candidature separée. La manne électorale peut l’expliquer comme la méfiance des militants qui ont gardé un souvenir amer de la gauche plurielle. Bref, dans toute cette complexité, ce n’est pas d’une femme ou d’un homme providentiel dont nous avons besoin, mais d’espaces pour défendre des propositions qui répondent à nos luttes et de l’assurance que dans cette gauche, on est prêt à nous défendre.
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