Le projet de réforme de l’ONU s’intéresse à la recomposition du Conseil de sécurité et réaffirme le droit international. Cela suffira-t-il à démocratiser l’organisation internationale, le FMI et la Banque mondiale ? Le 21 mars dernier, Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, lançait le chantier d’une réforme de l’ONU. Il présentait une vingtaine de propositions (1) censées restaurer l’autorité de l’organisation internationale face aux nouveaux défis posés par la « sécurité humaine ». Elles seront discutées lors du sommet des Nations unies en septembre avant d’être soumises au vote de l’Assemblée générale où une majorité des deux tiers (128 pays sur 191) sera requise pour leur adoption. Ce chantier s’ouvre alors que la crédibilité de l’ONU et celle de son secrétaire général accusent depuis dix ans une sérieuse érosion : absence lors du génocide rwandais, inefficacité en ex-Yougoslavie, incapacité à empêcher l’agression contre l’Irak en 2003, scandale du programme « pétrole contre nourriture ». Les résultats désastreux de l’unilatéralisme en Irak tendent toutefois à revaloriser sa place… et à rendre aigu le besoin de démocratiser et moderniser son fonctionnement.
C’est l’objectif affirmé du rapport de Kofi Annan, Dans une liberté plus grande. Pierre angulaire des propositions : la révision de la composition du Conseil de sécurité, la création d’un Conseil des droits de l’homme à la place de l’actuelle commission et celle d’un organisme intergouvernemental chargé de la reconstruction post-conflit.
La recommandation qui cristallise les enjeux de cette réforme porte sur l’élargissement du Conseil de sécurité, aujourd’hui constitué de cinq membres permanents avec droit de veto (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne et France, vainqueurs du second conflit mondial) complété de dix pays membres par roulement. Sa légitimité est aujourd’hui discutée. Faut-il maintenir le droit de veto et son pouvoir extraordinaire ? Comment justifier l’absence totale de l’Afrique et de l’Amérique latine ? Et celles de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud, du Niger, puissances montantes ? Quant au Japon et à l’Allemagne, ils aimeraient acquérir un poids politique international à la hauteur de leur puissance économique.
Pour l’heure, deux coalitions rivales émergent : celle dite du G4 (Japon, Allemagne, Inde et Brésil), parrainée par la France, soutient l’arrivée de six nouveaux membres permanents : eux mêmes + un pays africain + un autre pays à définir: et de 15 membres tournants. L’autre groupe (Italie, Pakistan, Corée du Sud, Espagne) préconise l’élargissement du Conseil de sécurité à 25 mais sans nouveaux membres permanents. L’administration Bush a déjà fait savoir qu’elle refuse un Conseil de sécurité au-delà de 20 membres et la Chine qu’elle s’opposera à ces deux propositions. Quant aux cinq membres permanents, la plupart refusent de partager le droit de veto. Le consensus nécessaire à cette réforme s’annonce difficile à obtenir.
Autre dimension de la réforme, celle d’une démocratisation des organismes onusiens supposés aider le développement et réglementer le commerce mondial : OMC, Banque mondiale et FMI (2). Aucun pays du Sud ne fait aujourd’hui partie des directions de ces deux derniers organismes. Alors que les politiques d’ajustement structurel exigées par ces institutions ont prouvé leurs effets désastreux, la participation de ces pays aux prises de décisions de ces institutions devient primordiale. Kofi Annan a affirmé la nécessité qu’évolue leur fonctionnement, mais sans précisions (Cf. entretien avec Gustave Massiah). Le secrétaire général ne définit pas davantage les modalités d’une « collaboration » entre les institutions multilatérales et la société civile mondiale.
/1. Site de l’Onu www.un.org/french//
/2. Les réformes auxquelles doivent se soumettre des pays sous les injonctions du FMI et de la Banque mondiale sont : discipline fiscale, taux de change « compétitifs », libéralisation du commerce, investissements étrangers,/
/privatisations et/
/déréglementation./
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