Porte

Je suis allé à Martigues.

J’ai vu que la porte était ouverte.

Mais je me suis aperçu que : pour moi et pour un certain nombre de mes camarades : c’était dans le sens de la sortie.On pouvait faire un rêve : imaginer que nous aurions été capables, les uns et les autres, ensemble, de former un parti de tous les communistes.

Ce n’est un mystère pour personne qu’existe aujourd’hui, au sein du PCF, non seulement des différences mais des divergences quant à la stratégie. Qu’il s’agisse de la place de la classe ouvrière, du socialisme, de la participation au gouvernement Jospin ou de la guerre en Yougoslavie, ces divergences seront, en fin de compte, tranchées par la pratique. On pourrait donc imaginer qu’elles n’interdisent pas de vivre ensemble, sous le même toit, ni de lutter ensemble pour des objectifs communs.

Il faudrait pour cela que le PCF reconnaisse le droit de la minorité. La plupart des communistes l’ignorent, mais les statuts de 1921, (ceux qui furent adoptés lors du premier congrès du Parti, à Marseille) reconnaissaient ce droit puisqu’ils prévoyaient l’élection à la proportionnelle dans toutes les instances délibératives du parti. C’était avant que s’imposât le modèle stalinien…

Aujourd’hui, on abandonne certains principes fondamentaux du communisme (comme la socialisation des principaux moyens de production et d’échange…) mais on paraît incapables de se débarrasser vraiment des séquelles du stalinisme. A preuve : l’élimination, lors de l’élection de la nouvelle direction, de quasiment tous les représentants de la minorité.

Et cette tendance à vouloir « se renforcer en s’épurant », ne concerne pas que la direction si l’on en juge par les dizaines de milliers de communistes qui, de l’aveu même de la direction, ont quitté le parti depuis le dernier congrès.

Mais cette direction semble s’en accommoder. Si le peuple communiste (ou, du moins, une partie) ne donne pas satisfaction parce qu’il n’est pas satisfait lui-même, il faut changer de peuple ! Et beaucoup sont poussés vers la sortie.Pour ce qui me concerne, quelle que soit l’évolution du PCF (et le devenir de mes relations avec lui), j’entends rester communiste. C’est-à-dire continuer à lutter et refuser de désespérer.

* Ecrivain, éditeur, dernière en date de ses publications, avec Gérard Cartier, 101 Poèmes dans le métro, 2d. Le Temps des CeRises, 1999, 128 p., 77 F.

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